Le masculin sacré II – réhabiter le Phallus

Je reprends le clavier pour me repencher sur un sujet que je connais mal mais qui m’intéresse. On ne peut guérir un pan sans en guérir l’autre, sous peine de tout déséquilibrer, n’est-ce pas ?

Donc, me revoici à parler du masculin sacré !

« Pourquoi ? » Comme dirait Attila de Kaamelot ? (Avec l’accent !)

Parce que nous avons un rapport au masculin qui est complètement détérioré, du moins, de ce que j’en perçois.

Et, à mon sens, une des images les pires liées au masculin, est celle du phallus.

D’attribut vénéré, il est devenu au fil des siècles, un « instrument de domination » et un outil d’humiliation envers les autres (hommes, femmes, enfants, animaux… tout ce qui peut avoir un trou).

Les dieux phalliques des temps anciens, comme Priape, Pan, Kokopelli, Enki et j’en passe étaient représentés avec un phallus énorme et étaient des personnages rarement satisfaits, ce qui en faisaient des « niqueurs en puissance ».

Ne serait-ce que le dieu sumérien Enki, qui par la magie de sa semence arrive à reverdir le désert et à faire jaillir l’eau et les plantes pour transformer l’aridité en jardin luxuriant dans lequel il honore Ninhursag, sa déesse bien-aimée. L’histoire aurait pu être belle si elle s’arrêtait là… Mais non ! Enki est revenu régulièrement dans l’éden qu’il a fait naître pour s’accoupler avec sa descendance féminine (sa fille, sa petite-fille, son arrière petite-fille) et comble du péché, il s’est permis de faire le travail de Ninhursag en nommant le vivant et en lui donnant une destinée.
Ninhursag, en colère, l’a déchu de son immortalité, mais lui a pardonné par la suite. Elle l’a guéri et a transformé les plantes qu’Enki avait « souillé » de son envie de puissance. Elle en a fait des plantes destinées à guérir plutôt qu’à faire périr.

L’Antiquité gréco-romaine, dans sa conception de la perfection masculine et dans ce que j’appelle son déracinement pré-monothéiste des humains, a réduit la représentation du pénis sur les statues masculines. Question d’esthétique… ah bon ?

Mais un organe qui a autant besoin de s’exprimer ne peut se retrouver réduit à sa plus simple expression d’appendice décoratif…

Est-ce là, la racine du mal ? Le retournement de manivelle du phallus qui casse les limites dans lesquelles il se retrouve emprisonné ? Est-ce pour ça qu’il commande aux hommes de s’en servir pour dominer et humilier ? Et d’effacer toute concurrence qui pourrait lui faire de l’ombre ? Je parle bien sûr du clitoris qui manifestement pose problème pour certains peuples… Ce mini phallus qui nous permet d’exprimer une partie de notre puissance sexuelle est donc si dangereux ?

Il me paraît opportun que l’ensemble des humains s’attèle à réinventer les cultes à rendre aux phallus.

Apaiser la colère, refaire circuler le fluide énergétique de la puissance sexuelle.

Il n’est pas vrai, à mon sens, que le respect de la femme passe par la frustration de l’homme.

Il est, en revanche, salutaire que les femmes se réapproprient leur côté masculin lubrique pour se ré-ancrer dans leur animalité, leur côté sauvage et conquérant. Il est salutaire de se libérer de la culpabilité d’aimer « ça » et de l’assumer. Et de rendre de cette façon au côté féminin sa dignité et son intégrité.

Quant aux hommes, il leur appartient bien sûr de se réapproprier leur organe et ses qualités. Chacun dans son histoire et son chemin de vie. En honorant des femmes ou des hommes avec lesquel.le.s la belle communion est possible. Car la relation intime est l’univers dans lequel la magie réparatrice de l’ego peut se mettre en oeuvre de la meilleure façon.

Néanmoins, il est nécessaire d’accepter le fait qu’ils puissent partager la puissance sexuelle au travers des jeux amoureux et des deux phallus. Il est nécessaire de faire le travail du partage des énergies et comprendre qu’elles s’alimentent et se complètent. Elles ne peuvent pas se substituer, au risque de créer ou renforcer le déséquilibre.

L’éducation qui consiste à classer les femmes et les hommes en fonction de leur capacité à refuser l’intimité, sous prétexte de respectabilité, est à proscrire.

L’éducation qui consiste à comprendre l’intimité et à la réinscrire dans le sacré et la normalité, est à encourager.

Le Kamasutra devrait revenir dans nos bibliothèques, non pas dans la partie « pornographie intellectuelle », mais dans celle où nous classons les livres que nous jugeons essentiels.

Et cela peut se développer à l’infini. Réinventer d’autres Kamasutras, retrouver la joie et les bienfaits du toucher, de la tendresse.

Exprimer nos parts dans un entrelac d’émotions et de sensations qui élèvent et font redescendre les vibrations.

Et pour une fois, je ne vais pas taper avec rage sur les monothéismes, car j’invite sincèrement tous les humains, quelles que soient leurs convictions cultuelles ou athées, à réinvestir ce masculin sacré et à redonner la place méritée à nos phallus.

In intimitae veritas !

Auteur : Solrika

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