L’occultum : La pièce cachée

L’occultum : la pièce cachée

 

 

Il y a peu, je me suis retrouvé avec l’opportunité d’avoir un occultum chez moi. Un luxe que la plupart des sorciers n’ont pas, j’en suis très conscient, et je me suis dis que ce serait une bonne occasion de consacrer un article sur cette pièce un peu mystérieuse.

Par contre, les informations et les sources sur l’occultum tel qu’il est utilisé aujourd’hui par les sorciers ne sont pas légion. Donc cet article est vraiment écrit de mon point de vue par rapport à ce que je considère comme étant des sources d’inspiration potentielles de l’occultum tel qu’envisagé aujourd’hui pour la magie.

 

L’occultum : un héritage varié

 

 

 

Comme on va le voir au sein de cet article, l’occultum a selon moi des origines et des antécédants assez variés au fil des siècles. Bon déjà, il faut avouer que même lorsqu’on est un sorcier, ça n’est pas forcément une pièce que l’on peut se permettre d’avoir. Que ce soit sur le plan financier ou au niveau du regard des autres (parce que oui, une pièce fermée à clé chez soi ça fait jaser, c’est comme ça).

J’aborderai plus loin des rapports entre l’occultum actuel et certains cabinets de curiosités, mais dans un premier temps, il me semble intéressant de se pencher sur ce qui, selon moi, a beaucoup influencé sa version actuelle.

Il est certain que l’occultum est un peu plus ancien que notre version contemporaine, mais je ne peux pas aborder sérieusement ce sujet sans évoquer le « cabinet de réflexion » pratiqué par certains adeptes de la franc-maçonnerie.

N’étant pas maçon moi-même, je ne peux pas affirmer que le cabinet de réflexion est un usage courant dans une majorité de loges. Cela dit je connais suffisamment de maçons pour savoir que ça reste quelque chose qui existe.

Le cabinet de réflexion, lorsqu’il est utilisé en franc-maçonnerie, ressemble assez à un occultum : une pièce fermée, dans laquelle on est isolé, seul. Elle peut contenir en outre un certain nombre d’objets rituels. Cela dit, cette pièce est surtout utilisée pour l’initiation. Une initiation qui peut durer un certain temps évidemment, mais chez les sorciers se sont plutôt les individus accomplis qui peuvent disposer d’un occultum personnel.

Heureusement pour cet article, il existe d’autre types de pièces connexes qui ont pu inspirer celle qui nous intéresse.

 

Occultum et cabinet de curiosité

 

 

Le cabinet de curiosité est quelque chose qui s’est surtout illustré durant la période de la Renaissance en Europe. Plus particulièrement en Italie, en France et en Allemagne.

À une époque où la mode était à une redécouverte de certaines cultures, le tout mêlé à des curiosités scientifiques et à une certaine mode de l' »exotisme », un certain nombre de personnes aisées, issues de la noblesse ou de la bourgeoisie affichaient fièrement leur cabinet de curiosité.

Cela étant, il y a d’énormes différences avec l’occultum. Déjà, le cabinet de curiosité pouvait être une pièce bien sûr, mais également une simple armoire. Ensuite, il visait à exposer des minéraux, des plantes, des ossessements, ou tout ce qui pouvait avoir de près ou de loin un rapport avec des eplorations et des contrées un peu exotiques, ou des projets en sciences naturelles.

On voit là tout de suite les deux différences majeures avec l’occultum : il n’y avait ni étude ésotérique, ni pratique quelle qu’elle soit dans un cabinet de curiosité. Mais surtout, là où l’occultum, comme son nom l’indique, est caché, le cabinet de curiosité avait réellement vocation à être exhibé !

Cela dit, il existe bel et bien une forme de cabinet de curiosité qui pourrait par beaucoup d’aspects se rapprocher de l’occultum : le studiolo. Les studioli sont plus ou moins considérés comme les ancêtres du cabinet de curiosité dans la Renaissance italienne. Cette dernière a été la première à émerger en Europe, plusieurs siècles même avant celle connue en France ou en Allemagne. Et à cette période, certains palais des cités-états prospères abritaient des studioli.

Et par rapport à ce que l’on a pu dire du cabinet de curiosité, il y a plusieurs choses intéressantes chez le studiolo dans la perspective d’un ancêtre à l’occultum.

Pour commencer, sa vocation première n’est pas d’accumuler de nouvelles pièces scientifiques et/ou exotiques. Le studiolo est comme son nom l’indique dédié à l’étude. Mais surtout, et à l’inverse des cabinets de curiosité qui verront le jour plus tard, ça n’est pas non plus un espace d’exhibition. En fait le studiolo peut remplir plusieurs fonctions, et il pouvait tout à fait être public, dans certains palais par exemple. Cela dit, et pour un riche particulier, il était au choix réservé aux proches, ou même au propriétaire seul, qui s’y réfugiait pour se plonger dans ses études, ses méditations, ses réflexions…

De ce que l’on a vu jusqu’à présent, le studiolo de la prime Renaissance italienne semble être le plus proche de ce que l’on appréhende aujourd’hui via un occultum, les rites sorciers en moins, quoique…

 

Comment appréhender un occultum aujourd’hui ?

 

 

De nos jours évidemment, fini le temps des palais qui abritaient ce type de pièces. Et si beaucoup de sorciers en rêvent, il faut bien avouer que très peu ont les moyens de « sacrifier » une pièce d’habitation à l’usage de la magie.
Dans la pratique moderne, on rencontre généralement 3 types de situations :

– Les praticiens qui ont un autel fixe, notamment dans certaines voies où l’autel fait partie intégrante du foyer et où le fait qu’il soit aux yeux de tous ne pose aucun problème.
– Les praticiens qui ne peuvent se le permettre, et ont un autel « mobile » lorsqu’ils ont recours à la magie. C’est là je crois la majorité des cas.
– Enfin ceux qui peuvent se permettre de dédier une pièce uniquement à leur pratique. On est là en présence de ce que l’on appelle un occultum, et on va s’y attarder un peu pour conclure cet article.

Bon n’y allons pas par quatre chemins, le nom d’occultum parle de lui-même : il s’agit d’une pièce qui n’est pas nécessairement secrète, mais qui est cachée. Le plus souvent fermée à clé, seul le propriétaire ou des invités ponctuels pourront y entrer.

À l’intérieur, on trouvera tout ce dont un sorcier a besoin pour sa pratique : un autel fixe évidemment, mais également des étagères bien remplies de tous les composants nécessaires à la pratique de la magie rituelle (pierres, plantes, encens, etc…).

L’occultum est également un formidable endroit pour se constituer une jolie bibliothèque ésotérique.

Pour terminer, et pour revenir à mon cas personnel, je prends actuellement beaucoup de plaisir à aménager mon occultum petit à petit et à imaginer ce qu’il va devenir au fur et à mesure. Que ce soit avec les plantes qui sèchent, avec certains meubles que j’aimerais y intégrer, ou d’autres choses encore, c’est une pièce de travail qui est, je pense, unique à chaque sorcier.

Si vous en possédez un vous-même ou si vous aimeriez en aménager un, n’hésitez pas en commentaire, et après ce vaste tour d’horizon, à parler à votre tour de votre propre occultum !

 

Auteur : Shaël Eveningstar

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