Esotérisme et lithothérapie

Ésotérisme et lithothérapie

Voici une fois de plus un vaste sujet de polémiques qu’il est nécessaire de
décrypter.

Ceux et celles qui me connaissent savent que j’ai toujours essayé de sortir la
lithothérapie du carcan ésotérique dans lequel les théoriciens du New Age
l’avaient enfermé dès l’origine dans les années quatre-vingt. Ils savent aussi que
j’ai mené un combat incessant contre les gourous autoproclamés, les petits
dictateurs de la pensée déviante, les charlatans, les marchands du temple,
incompétents ou franchement malhonnêtes.

Mais entendons-nous bien, je ne parle que de cet ésotérisme de bazar
contemporain qui fait tant de victimes, commercialement ou, pire encore, sur leur
état psychologique et l’exercice de leur libre-arbitre. Il y a donc lieu de se méfier
d’objets insolites qui fleurissent dans les commerces de pierres, surtout sur
internet et qui n’ont qu’un seul but : faire du commerce en abusant les
consommateurs avec des arguments de vente issus des imaginations les plus
délirantes de leurs concepteurs, notamment les « flacons de transfert
énergétique » censés produire des élixirs minéraux ou « eaux de cristaux », les
« générateurs énergétiques » ou « canons d’énergies » et autres usines à gaz : le
marché regorge de ce genre de bricolages plus étranges les uns que les autres,
totalement inutiles.

Je me suis depuis très longtemps intéressé à certaines thèses ésotériques qui ont
jalonné l’histoire des civilisations : alchimie, ésotérisme, sorcellerie, rituels de
magie, géométries sacrées, etc. qui sont toutes liées par un esprit de recherche
autour de l’invisible. C’est pourquoi, dans mon adolescence, je pratiquais le
spiritisme, je fréquentais la nuit des cimetières pour me faire peur, je partais en
recherche des forces occultes de la nature, je potassais des ouvrages anciens
auxquels je ne comprenais pas grand-chose. Plus tard, j’ai fréquenté quelques
sociétés « secrètes » afin de parfaire mon initiation. Comme beaucoup, les aléas
de la vie m’ont éloigné de ces démarches plus poétiques que constructives. Je
m’étais fait quelques frayeurs, j’avais compensé des projets de vie inaccessibles
par des illusions rassurantes, j’avais pris conscience des travers de certains
groupes dans lesquels la recherche de spiritualité n’était qu’un médiocre prétexte
à une lutte interne pour le pouvoir et la domination des autres membres.
Je m’étais donc éloigné de ces thèses jusqu’au jour où j’ai commencé à
m’intéresser aux pierres et à leurs énergies subtiles, sans réellement prendre
conscience que leurs propriétés pouvaient avoir un lien avec des pratiques que
l’on pouvait assimiler, dans un certain sens, à de la magie.

Cependant, mes études et ma culture scientifique m’ont poussé à ne m’intéresser qu’à une forme de lithothérapie à but essentiellement thérapeutique, ce qui en soi était déjà un
domaine de recherches infiniment vaste. Après plus de trente-cinq ans de travail
dans ce domaine, alors que j’avais négligé sciemment d’autres pratiques de la
lithothérapie, notamment les approches ésotériques ou spiritualistes, j’ai décidé
non pas d’abandonner mon sujet principal de recherches mais de l’ouvrir à
d’autres démarches. C‘est pourquoi, après avoir déjà abordé des thèses
ésotériques en publiant mon livre « Pierres de protection » en 2017, j’ai lancé une
enquête en 2020 sur les réseaux sociaux pour savoir pourquoi et comment
certaines personnes passionnées d’ésotérisme les utilisaient.

Si la majorité des réponses que j’ai reçues étaient, sans surprise, influencées par
les thèses insipides d’un ésotérisme contemporain sans lien avec les traditions
historiques, j’ai découvert avec stupeur que certains de mes écrits étaient
considérés comme des pratiques ésotériques. Plutôt que d’essayer de me
dédouaner en considérant que j’avais été mal compris, je me suis dit que j’avais
mal expliqué mes thèses et que je me devais de reconnaître humblement qu’en
effet, mes écrits pouvaient être compris comme étant possiblement interprétés
comme relevant de l’ésotérisme. J’en ai donc tenu compte en assumant
consciemment la position inconfortable qui fait que l’on m’attaque de toute part :
mes amis scientifiques m’assurant que ma démarche est trop ésotérique, les
ésotériciens me reprochant d’être trop scientifique. Je serais prétentieux de croire
que j’ai réussi à établir le lien entre science et magie mais j’ai au moins réussi à
établir un petit pont entre les deux et j’espère que d’autre reprendront le flambeau
pour le consolider.

Néanmoins, lors de mon enquête, j’ai réussi à approcher quelques personnages
intéressants qui ont une solide culture en matière d’ésotérisme traditionnel
historique mais qui, on l’imagine aisément, ont un sens du secret exacerbé. Il m’a
fallu gagner leur confiance en les rassurant sur la pureté de mes intentions. C’est
ainsi que j’ai pu compléter les descriptifs des pierres de mon nouvel ouvrage
grâce à cette aide précieuse dont je les remercie. Bien entendu, il ne m’a pas été
possible de vérifier toutes les informations qui m’ont été transmises. Je vous
laisse le soin d’expérimenter par vous-même et de bien vouloir me transmettre les
résultats de vos expériences.

Symbolisme et lithothérapie

Comme dans tous les domaines de l’ésotérisme, on attache une grande importance
au symbolisme. C’est pourquoi, lorsqu’il a pu être identifié avec certitude par des
traces écrites ou des traditions orales qui nous sont parvenues, j’ai veillé à ce que
le symbolisme de chaque pierre soit mentionné. Il est évident que ce n’est pas le
cas pour toutes les pierres.

Il existe un grand nombre de symboles liés à des traditions. En voici quelques
exemples :

• Issu des mathématiques, le signe de l’infini.
• Dans les traditions de l’Égypte antique : l’œil d’Horus, la croix Ânkh.
• Dans les traditions celtiques : les nœuds celtiques et le triskèle.
• Dans les traditions juives : l’arbre de Sephiroth, l’alphabet sacré de la kabbale
• Dans les traditions asiatiques : le Yin-Yang, les symboles des chakras, les
symboles du Reiki.
• Dans les traditions ésotériques : la triple Lune, le cube de Métatron, le
pentagramme.
• Dans les géométries sacrées : la fleur de vie, les mandalas, les rosaces et
architecture sacrée des cathédrales.
• etc.

Il est certain que toutes ces figures sont porteuses d’une signification précise (et
puissante) dans les traditions d’où elles sont issues. Les sens symboliques de
certaines d’entre elle se rejoignent parfois et s’entremêlent. C’est pourquoi nous
utilisons certains de ces symboles en lithothérapie. Mais ma méfiance s’éveille
lorsque des interprétations abusives apparaissent à des fins commerciales.
Il est normal qu’en lithothérapie on puisse utiliser certains de ces symboles
lorsqu’ils ont un rapport étroit avec les soins par les pierres. Je pense plus
particulièrement aux images symboliques des chakras qui définissent bien leurs
fonctions sur les plans physiologiques, psychologiques et spirituels. D’autres
symboles sont cependant exploités abusivement en lithothérapie : c’est le cas de la
Fleur de Vie. Cette figure géométrique est une des expressions les plus simplistes
des géométries sacrées, à tel point que sa propagation sur les réseaux sociaux de
personnes qui manquent de culture dans le domaine et incitent à des croyances
irraisonnées provoque mon agacement. Pour moi, la Fleur de Vie n’est qu’un
gribouillage au compas comme exercice de fin d’études au CM2 pour valider
l’entrée en sixième basé sur des géométrie sacrées qui n’ont rien de sacré et tout
de primaire. Les soi-disant « ondes de forme » ? C’est encore une thèse réductrice
apparue sur le « marché » de la lithothérapie pour en simplifier les principes
fondamentaux et les exemples ne manquent pas. Pour qu’il y ait des ondes de
forme, il faudrait que la Fleur de Vie soit en trois dimensions. Il ne suffirait pas de
lui donner une épaisseur : il faudrait imaginer une Fleur de Vie que l’on ferait
pivoter sur son axe central pour lui donner une forme sphérique, et là, nous
aurions des ondes de formes dignes de ce nom, incroyablement puissantes… mais
ce n’est pas près d’exister tant ce serait d’une complexité phénoménale !
De plus, il n’existe aucun rapport de cause à effet avec ses soi-disant propriétés de
purification ou de rechargement des pierres.

Ce genre de gribouillage n’a donc rien à voir avec les géométries sacrées des
bâtisseurs de cathédrales… C’est juste une croyance d’ignorants qui n’ont aucune
notion des principes alchimiques ou ésotériques traditionnels.

Un exemple des propriétés d’une pierre dans les pratiques ésotériques (extrait du
« Grand Dictionnaire de la Lithothérapie » qui devrait paraitre au premier
semestre 2025) : la Proustite
« C’est la pierre que l’on donnera au mourant pour l’accompagner dans son
voyage dans les ténèbres, lui donner le courage d’affronter l’inconnu et la force
d’aller au-delà du néant.
Elle est réputée pouvoir apporter la prospérité mais, comme le contrôle de cette
pierre est difficile et qu’elle peut vous échapper à tout moment, elle peut tout
aussi bien déclencher la cupidité et des actions réprimées par la loi. A
manipuler avec précautions.
Maintenant, si des initiés de bon niveau veulent utiliser la proustite à des fins
rituelles qui font appel à des forces démoniaques, c’est possible… mais c’est
risqué. Ils ont vraiment intérêt à se munir d’un stock de tourmalines noires afin
d’assurer leur protection et leur intégrité car la schizophrénie les guette, même
si la proustite leur permet de s’entourer d’une sorte de cape d’invisibilité.
Encore faut-il en avoir une bonne maîtrise ».

Reynald Georges BOSCHIERO
Expert en Lithothérapie