La Catrina, icône populaire Mexicaine

La Catrina, icône populaire Mexicaine

 

Il existe au Mexique, deux grandes Dames de la Mort : la Santa Muerte et la
Catrina…

Nous ne vous parlerons pas de la reine aztèque du Mitclan, un certain ouvrage
qui sillonne la Toile ésotérique, le fait déjà…

A l’approche d’une des plus importantes fêtes de ce pays, la « Fête des Morts »
ou « El Dia de los Muertos » qui se déroule du 31 Octobre au 02 Novembre, il
nous est apparu important de différencier les 2 images les plus populaires de la
société civile Mexicaine, en vous présentant, « la Catrina », assimilée à tort, à la
Santa Muerte.

Pour cela, repartons en 1889 ! La société continue sa mue fédérale, sociétale,
cultuelle et culturelle. Le pays a entamé sa longue marche vers l’Indépendance
du Mexique, qui aboutira le 16 septembre 1910.

Ce pays, comme le nôtre, ne manque pas d’artistes, d’emblèmes humains ou
de personnages populaires divers et variés : Pancho Vila, Benito Juarez, Jésus
Malverde, Diego Rivera, Frida Kahlo, etc.

Une image se détache toutefois du paysage socio-culturel de la Nouvelle
Espagne, avec comme message visuel, une tête de squelette symbolisant la
Mort.

Historiquement, ce personnage populaire voit sa naissance sous les coups de
crayon du plus grand caricaturiste mexicain, José Guadalupe Posada, le 04
novembre 1889, dans la revue « La Patria ilustrada », sous le nom de
« Cavalera », comprenez, le Crâne.

De nombreuses illustrations viendront jalonner les « periodicos » (journaux) et
les différentes revues satiriques, affiches de ce pays, dont la célèbre « Calavera
Garbancera », en 1912.

Ce fût le point de départ de cette icône populaire que nous connaissons
aujourd’hui, sous le joli nom de la « Catrina », que vous pouvez traduire par
« Elégante ».

Pourquoi ce symbole et sa déclinaison satirique ?

Le pays souffre d’un modèle économique porfirien privilégiant les classes
bourgeoises, creusant les inégalités sociales au travers des réformes menées
par son président, Porfirio Diaz.

La satire des classes sociales sous la main expressive, corrosive et
expressionniste de Posada, frappera l’un des combles du ridicule social de
l’époque, les « garbanceras » ; ces femmes de souche indigène, qui dans la rue,
vendaient des pois chiches ou des préparations à base de pois chiches (la
garbanza, en espagnol), revêtues de vêtements luxueux européens dont
manteaux, chapeaux à plumes, ornements des plus voyants.
Elles reniaient leurs origines sociales, leurs races indigènes, se faisant passer
pour des européennes le jour en s’exprimant selon des codes bourgeois dignes
d’une œuvre de Molière, pour redevenir « des pauvres », le soir, le temps de la
nuit.
Il s’agit d’un aller-retour de façade, de mépris, d’un rejet d’identité, oscillant
entre les deux extrémités des classes sociales de la Nouvelle Espagne, allant de
la Rue vers la Haute Bourgeoisie.

La fresque de la Calavera Garbancera dénonçait tout autant, la misère et l’anti-
démocratie du système politique.

Comment cet élégant squelette féminin est-il devenu un personnage
incontournable du Folklore mexicain et des festivités du mois de Novembre ?
C’est un muraliste, peintre d’exception, Diego Riviera qui rebaptisera la
Garbancera, en lui attribuant en 1947, le nom de « Catrina » dans un œuvre
murale exceptionnelle de 15 m et haute de 4,8 m intitulée « Sueño de una
tarde dominical en la Alameda Central (« Rêve d’un après-midi dominical dans
l’Alameda Central  »), où 47 personnalités marquantes de l’histoire du Mexique
figurent.

 

 

La Catrina y apparait au centre, élégamment habillée en robe blanche, prenant
le bras de son créateur, Posada. Elle se revêt d’un serpent à plumes autour de
ses épaules, une divinité omniprésente dans la culture mexicaine avec le Dieu
Quetzalcóatl.

À sa gauche, Catrina prend par la main de Diego Rivera, dans une version
enfant du peintre. L’épouse de Rivera, Frida Kahlo, est juste derrière lui.

Pour mémoire, l’Alameda Central est un jardin public situé dans le centre
historique de la ville de Mexico, crée en 1592, au sein d’une zone qui abritait
jadis, du temps de la cité de « Tenochtitlan », le hasard fait bien les choses, un
ancien marché aztèque.
Tenochtitlan est la traduction racine de la mégalopole de Mexico…
Alameda, dérivé du mot espagnol « Alamo », se traduit par « bosquet de
peupliers».

Depuis lors, la Catrina ne cesse d’inspirer …
Le 7ème art dont le film Coco, la mode, la cuisine, les fêtes, le maquillage, les
tatouages, la marque de Bière Cubanisto…

Il est devenu impossible de ne pas croiser son visage familier à l’approche de
cette fête populaire, à l’atmosphère unique, qu’est celle de la célébration des
morts.

On retrouve des bonbons, des crânes en sucre dans les mains d’enfants
maquillés et vêtus à son effigie dans tout le Mexique. Concerts, défilés dans les
rues, spectacles, animations musicales dans les cimetières, sur les tombes des
morts, offrandes des fameuses fleurs oranges, les « Cempasuchil » ou la Rose
d’Inde, dressage des autels aux morts au sein de chaque foyer familial avec
Tequila, Mezcal, Agualdiente, pains, bonbons, parterre de fleurs, la liste est
longue…

Même la gent masculine mexicaine a eu le droit de se grimer en « Catrin »…

C’est probablement parce que la Catrina est, depuis 1947, une allégorie forte
de ces festivités si particulières, qu’un amalgame a été fait, non sans
raison, avec la déesse Aztèque de la Mort, Mictēcacihuātl, la gardienne des
ossements du Mitclan, qui n’est autre que la fameuse « Santa Muerte », sous
son aspect plus contemporain.

La Catrina, vous l’aurez compris, n’est pas une antique et noble reine Aztèque,
mais une simple représentation de la mort dans son aspect démocratique,
fataliste ; quelles que soient leurs origines, leurs richesses, les mortels sont
destinés au trépas, sans distinctions.

Nous sommes tous égaux devant la Mort, c’est que nous racontes la Catrina,
alors que lors de notre naissance, quelles égalités peuvent se prévaloir
durablement ?

Avons-nous le même patrimoine génétique, social, culturel, financier en
découvrant la vie ?
Nous sommes tous les mêmes à la naissance, et pourtant, si différents.

Il est vrai que c’est cet esprit « populaire » et « égalitaire » qui fait de la
Catrina, un symbole fort du Jour des Morts, de ces 3 jours de festivités
mortuaires. Elle transcende les cœurs, mélange les appartenances sociales,
brasse les races et anciennes tribus du Mexique dans une ambiance joviale.

Il ne s’agit pas d’une déesse envers qui nous pouvons être dévots, ou d’une
entité avec laquelle nous pouvons faire des travaux ésotériques, mais son
sourire, nous pousse à l’introspection, il nous rappelle qu'il y a du réconfort à
accepter la mortalité.

Qui que vous soyez, d’où vous puissiez venir, nous avons tous le même destin
démocratique face à la « Mort ».

Tout le monde devient « Squelette »…

Sociologiquement, la Catrina n’est autre qu’un Memento mori…

Finalement, cette représentation visuelle contribue également à faire un clin
d'œil aux croyances les plus anciennes de cette culture aztèque et mexicaine,
selon lesquelles, le gardien de ce qui vient après la vie, prend une forme
résolument féminine…

La Sainte Mort…

Los Diablitos…

 

Auteurs : Anakin Sixtysix et Milady LucifeRa

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