Mythes religieux et enfermement mental – clé 1 : la création

« 1 – Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
2 – Il était au commencement en Dieu.
3 – Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe » (prologue de l’évangile selon Jean – traduction Crampon 1864)

Le début, le commencement, la naissance, le point de départ. Dans nos sociétés mondiales de cultures monothéistes, l’idée d’un début et d’une fin est tellement ancrée dans l’imaginaire humain qu’elle est devenue une brique de la « maison mentale » collective que nous avons l’habitude d’habiter et de transmettre de générations en générations. D’ailleurs, le prologue cité scelle l’unité du « début » et de « Dieu ». Sans « Dieu », pas de début et donc pas de vie. Ce pacte avec les humains, passé contre leur gré, ou en tout cas, sans qu’ils puissent avoir conscience qu’il s’agit d’un pacte magique (et ésotérique) lie les êtres conscients à la forme-pensée « Dieu » qui se pose en « absolu » et « condition indispensable » à toute existence.
Et comme le formatage débute dans l’enfance, la difficulté de sortir de celui-ci est immense et demande, dans le meilleur des cas un sens profond de la recherche des fondements.

De façon apparente, cette histoire de création parait logique. Lorsque nous naissons du ventre de nos mères, nous voyons un début à la vie terrestre. Donc, il doit bien y avoir un début, une naissance, à tout autre chose qui nous entoure. Je me demande quand même qui sont les personnes qui se sont posées ces questions les premières et dans quel état psychologique et émotionnel elles devaient se trouver pour se voir « extérieures » au monde dans lequel elle vivaient et se demander d’où elles pouvaient bien venir.

Car, j’ose postuler qu’avec l’avènement des êtres doués de conscience et de réflexion, comme l’espèce humaine, les ruptures du « continuum » n’ont cessé de se produire et celles-ci ont donc formé des « vides » ou en tout cas, des situations perçues comme telles, et qui ont par conséquent provoqué de la souffrance intérieure (« je me sens vide », « je me sens seul.e », etc). En fait, presque des trous noirs dans les esprits des « singes nus » ou « mutants » (les humains).

Qu’est-ce que le « continuum » ? Définition du Larousse please !!! « Continuité dans l’espace ou le temps. Ensemble de valeurs que peut prendre une grandeur dont les variations sont continues. » Voilà, la Vie terrestre, sans les humains, est un continuum. Aucune espèce vivante, animale ou végétale ne se pose la question du « qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre ? », non pas par manque de capacités intellectuelles, ça c’est encore une considération humaine. Les êtres vivants non humains, vivent. Les êtres humains existent. Et pourquoi les êtres vivants non humains ne se posent pas ce type de questions ou n’ont pas ce type de « capacités intellectuelles » propres aux humains ? Parce qu’ils n’en ont pas besoin. Ça, c’est sur le plan global. Sur le plan plus détaillé, la vie animale, de notre regard d’êtres existants parait peu enviable (prédation, cruauté, etc). Mais ce n’est pas le sujet de cet article.

Donc, revenons à notre sujet d’intérêt : le mythe de la création.

Puisque le principe de continuum est constamment brisé, et que le besoin de combler le vide qui en découle se fait sentir, les humains postulent l’idée d’un être supérieur à tous les autres êtres et qui est CAPABLE de créer le lien, de former la brique qui nous rattache à nouveau à ce continuum. Et c’est là que la perversité de l’idée de Dieu entre en jeu : pour pouvoir combler le vide et se reconnecter au continuum naturel, il faut adorer ce dieu. Le piège est parfait et le crime ne se voit même plus.

Déposséder les humains de leur capacité à retisser le lien qui relie chacun.e à son propre continuum, pour les « obliger » à adhérer à une forme-pensée toute puissante qui est seule en mesure de le faire (sinon c’est l’exclusion) est donc le premier pacte qui permet l’instauration de la dictature de certain.e.s sur tous les autres.

Cet ordre des choses « naissance-vie-mort » avec un être supérieur à adorer et alimenter continuellement avec les énergies des croyant.e.s est le terreau sur lequel ont poussé toutes les idéologies cultuelles et sociales de nos sociétés depuis des millénaires. Il suffit de regarder les organisations sociétales types : un peuple qui travaille, une classe intermédiaire qui gère et un chef tout-puissant qui commande et qui, accessoirement, peut avoir droit de vie ou de mort sur tout le monde. C’est très schématisé, certes, mais l’idée est là. Les armées sont bâties sur ce modèle, les familles « traditionnelles » sont bâties sur ce modèle, le capitalisme est bâti sur ce modèle, les cultes sont bâtis sur ce modèle. Rien n’échappe au contrôle de la minorité dominatrice sur la majorité obéissante.

Alors, évidemment, les cultes, notamment monothéistes, ont inventé THE STORY, digne des meilleurs scenarios !!! Un Dieu qui crée, qui donne un début à quelque chose, puis qui agence sa création (les montagnes, les rivières, oh tiens, il manque de la lumière la nuit, pourquoi pas des étoiles, etc) et bien sûr, qui programme une fin (obsolescence programmée des créatures). Et c’est là que le pacte pervers est scellé : après cette fin, donc la mort, une autre vie commence, mais elle est éternelle cette fois-ci et directement liée à l’adoration de l’entité Dieu, à savoir le paradis pour les obéissant.e.s et l’enfer pour les connards (ou connasses) qui refusent d’alimenter l’entité par leurs énergies. Tout ça pourquoi ? Parce qu’avant la vie sur Terre, les humains étaient déjà au paradis, et qu’ils ont fauté. Donc, Dieu a été sympa, mais les humains, pas franchement reconnaissants, surtout les femmes, qui comme Eve, sont plus promptes à se laisser corrompre et donc à corrompre le « parfait masculin », et bla bla bla… Le continuum du paradis originel brisé peut se retrouver à condition d’adorer « Dieu ». Simple… non ?

Mais alors, me dira-t-on ? Comment tout cela peut exister sans commencement ? Et, pourquoi donc, nous avons « à la fin », la mort ? Et là, je sors ma carte Lavoisier « rien se perd, rien ne se crée, tout se transforme » D’ailleurs, voici l’extrait plus complet d’où est tirée cette citation :

« On voit que, pour arriver à la solution de ces deux questions, il fallait d’abord bien connaître l’analyse et la nature du corps susceptible de fermenter, et les produits de la fermentation ; car rien ne se crée, ni dans les opérations de l’art, ni dans celles de la nature, et l’on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l’opération ; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu’il n’y a que des changements, des modifications. » (« Traité élémentaire de chimie » – Antoine de Lavoisier – 1789).

Et pourtant, dans ses travaux, Lavoisier a fait « descendre » la spiritualité développée par les alchimistes, dans un monde d’apparence plus matériel et concret. Sauf que, peu importe qu’on matérialise ou non la spiritualité, ça ne change rien, c’est comme un fluide qui coule et qui s’immisce partout. A la différence de l’élément eau, le fluide spirituel n’est pas visible à l’œil nu. Et qu’en fait il n’y a pas de monde matériel et de monde immatériel. Il n’y qu’un monde… une sorte d’unité, mais qui n’est pas une singularité. Plutôt un ensemble mouvant, une spirale continuelle.

Vous l’aurez compris, la première des grosses fumisteries qui emprisonnent les humains s’appelle « création » et elle a un « créateur », tout-puissant, omnipotent, et d’après les écrits cultuels, s’il est parfois pris d’une crise de pardon, il semble surtout colérique, jaloux et prompt à balancer plein de gens dans son enfer.

Tout ça pour dire que la gymnastique à faire (et la méditation est une aide primordiale) est de comprendre que la création n’existe pas. Pour celles et ceux qui pratiquent le bouddhisme, le principe de vacuité est tout désigné pour comprendre que rien n’existe en soi, et détaché du reste.

Conclusion : Tout ceci est un grand continuum qui n’a ni « début », ni « fin ». Tout a toujours été, est et sera. C’est uniquement notre perception humaine (ou nos perceptions, puisqu’il faut bien reconnaître qu’elles sont multiples) qui nous amène à penser une segmentation de celui-ci. Déconstruire l’idée de la création, c’est la possibilité qui est offerte de « voir » la nature, la source du « Grand Tout » Wakan Tanka (dans la spiritualité des Lakota).

Auteur : Solrika

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer