Spiritualités et territoires VI – Druidisme en terre australe

(English version below)

Mais qu’est-ce que c’est que cette bête ? Eh bien, à mi-chemin entre la présence de descendants de colons européens et la grande fluidité des voies de communications numériques, le druidisme a réussi à éclore de l’autre côté de la Terre. Suivons Janine sur les sentiers de l’Awen au pays des kangourous… Nous pourrions voir Cernunnos entre les arbres quand même…

Solrika : Salut Janine ! Peux-tu te présenter s’il te plait ?

Janine : Janine, 45 ans, retraitée, je passe mes jours à jardiner et spirituellement, je chemine dans le druidisme. J’ajoute que je suis mariée et j’ai 3 grands enfants.

S : Comment en es-tu arrivée au druidisme ?

J : Le druidisme, en quelque sorte, est présent dans ma vie, depuis l’enfance. Mon père est un homme des bois à l’ancienne, et on avait l’habitude d’aller camper et pécher, et nous avons passé beaucoup de temps dans le bush. Je me rappelle que nous étions assis sur la berge et il me montrait l’eau, la rivière. Il m’a appris à respecter la nature, à avoir de l’égard. Même s’il n’était pas exactement païen, il respectait profondément la nature, sans un arrière plan spirituel. Peut être que cela ne lui était pas venu à l’esprit ce côté spirituel. Il a reçu une éducation chrétienne, mais il n’allait jamais à l’église.

S : Et comment as-tu fais le lien entre ce que ton père t’a appris et ton cheminement spirituel ?

J : A mes 30 ans, j’ai découvert la magie verte et j’ai listé les propriétés magiques des herbes. J’ai lu « l’Encyclopédie des herbes magiques  » de Scott Cunningham. Et j’avais toute une liste d’autres livres, notamment, sur la wicca. J’ai débuté mon cheminement dans la wicca en tant qu’initiée. C’était très intéressant, mais je ne me sentais pas d’aller plus loin. Et dans les 6 années qui ont suivi, j’ai exploré d’autres arts traditionnels sorciers, mais mon intérêt se portait à chaque fois sur les plantes. Et puis, j’ai regardé une vidéo sur la magie des plantes dans le druidisme. Il fallait que je regarde cette vidéo, et j’ai tout de suite accroché avec l’OBOD (Ordre des Bardes, Ovates et Druides) et le druidisme. J’ai visité leur site web et leur façon de parler de la terre, des pierres, des herbes, des ancêtres, eh bien, tout cela me semblait déjà très familier, comme j’ai une ascendance européenne, à la fois du Royaume-uni et de la Scandinavie.

S : Tu as donc décidé de poursuivre dans cette voie…

J : J’ai étudié le bardisme pendant 8 ans, c’était un parcours incroyable. J’ai suivi les cours dispensés par l’OBOD, et j’ai eu plusieurs tuteurs. Par la suite, je me suis inscrite dans une école spéciale pour étudier les plantes médicinales et l’astroherbologie, ainsi que le Tarot de Marseille. Ça a été très éclairant et très riche !

S : Comment tu te qualifierais aujourd’hui ?

J : Druidisante, c’est ce qui définit cela mieux que n’importe quoi d’autre. Je travaille actuellement pour atteindre le grade d’Ovate, apprendre les mystères druidiques des plantes, des ancêtres, des sites secrets. J’essaie de rester proche de mes centres d’intérêts personnels et de faire en sorte que les sabbats soient vraiment efficaces pour moi.

S : Comment fais-tu ça ?

J : Les sabbats ici sont différents de ceux célébrés en Europe. Lors du solstice d’été, on est dans un temps de lumière. Nous fêtons noël. C’est un temps pour festoyer, pour les gens aimés, des feux de bois, de la violence et de la mort. Mais c’est également un temps pour être reconnaissant, pour relâcher ce qui n’a plus lieu d’être, pour honorer les lumières qui brillent. Dans l’hémisphère nord, c’est plus lumineux, c’est le retour de la lumière après des mois d’obscurité. Ici, dans mon pays, j’ai pris la décision de faire du solstice d’été le début d’une nouvelle année pour moi. Même si, traditionnellement beaucoup de païens et de sorcières se basent sur Samhain pour débuter la nouvelle année, mais je pense que ça ne correspond pas à mon temps spirituel personnel. C’est pour ça que je le fais au solstice d’été. C’est ma temporalité, pas la tradition.

S : Alors c’est comme Samhain pour toi ?

J : Oui ! C’est ça ! Ça fait bien plus sens pour moi.

S : Donc, tu célèbres le nouvel an lors du solstice d’été, as-tu eu affaire à des personnes qui te disaient que ce n’est pas comme ça qu’il faut faire ?

J : Les gens se sont parfois interrogés sur cette façon de faire, mais les sabbats sont très aimés ici, et personne n’a envie de faire de vagues. Trouver du sens dans le sabbat que je célèbre est important pour moi. Je n’ai pas besoin de ritualiser pour ritualiser. J’ai besoin que ça ait du sens.

S : Et qu’as-tu l’habitude de fêter à Samhain ?

J : C’est un moment pour honorer les ancêtres. Nous faisons de grandes fêtes familiales, nous réservons une place à table pour les ancêtres, nous leur gardons de la nourriture, du vin, leur installons un autel et allumons une bougie à leur mémoire. Et nous racontons des histoires à leur propos. C’est principalement un temps pour la mémoire dédiée aux ancêtres.

S : Le solstice d’hiver est célébré en juin… Que faites-vous du coup ?

J : Nous nous offrons des cadeaux. Les présents sont faits mains et les enfants sont bien plus excités que pendant la période de noël.

S : As-tu élevé tes enfants dans le paganisme ?

J : Eh bien, je les ai amenés assister à certains rituels publics et chaque année je leur demandais de participer à quelques célébrations (solstice d’été, etc), mais je les ai laissés libres de s’intéresser aux religions de façon générale. Mon aînée est païenne mais pas mes 2 autres enfants. Mais ils sont contents de participer aux rituels.

S : Est-ce que tu gères une communauté druidique ?

J : Je suis principalement une pratiquante solitaire.

S : Est-ce que tu inclues des pratiques spirituelles aborigènes ?

J : Je me sens connectée à l’esprit de l’Australie et à la terre elle-même, mais je ne pratique pas de rites aborigènes.

S : Que souhaites-tu rajouter de plus ?

J : travailler avec les plantes est très important pour moi. Et plus je travaille en profondeur avec le druidisme et plus le travail prend du sens. Les mystères se révèlent d’eux-mêmes.

S : Jusqu’où vas-tu ?

J : Partout où je peux (cuisine, jardinage, usage médical, magie, encens)

S : Certains chamans disent utiliser l’esprit des plantes pour développer leur qualités et leurs pouvoirs, sans avoir besoin de les cueillir. Tu penses pouvoirs faire ça ?

J : J’espère pouvoir le faire un jour. Il faut 40 ans pour devenir un maitre en tant qu’Ovate. C’est vraiment le temps que cela prend pour connaître tout ce que je dois savoir.

S : Merci Janine pour ton temps.

J : Merci à toi !

Qu’il est merveilleux l’esprit païen, qui nous permet d’adapter la spiritualité à notre propre sensibilité, expérience de vie et évolution personnelle. Même dans le bush, au travers du témoignage de mon amie australienne, je pouvais entendre les voix des anciens, murmurer « nous sommes là, nous continuons de guider, partout, peu importe le temps et l’espace », les mêmes voix que j’entends à chaque fois que je vais au fond d’une forêt, quand j’ai peur de perdre mon chemin… Mais où je trouve toujours un chemin vers moi-même.

Site perso : https://janinecobb.wordpress.com/

What’s that beast ? Well, halfway between the descendants of european settlers and the great fluidity of modern communication, druidism succeeded in blooming on the other side of the earth. Let’s follow Janine on the trails of the Awen, in the land of kangaroos… We could see Kernunnos between the trees…

Solrika : Hi Janine ! Could you introduce yourself please ?

Janine : Janine, 45, retired, I spend my days gardening and my spiritual practice is druidry. I should add I am married with three grown children.

S : How did you come to druidry ?

J : Druidry, in some way, is in my life since childhood. My father is an old school bushman, and we used to go out camping and fishin, and we spent many times in the bush. I remember we were sitting on the river bank and ha was showing me the water and the river. He taught me to respect nature, to have reverance. Even though he wasn’t exactly a pagan, he profoundly respected nature without any kind of spiritual stuff. It may not occured to him to turn spiritual. He was educated in christianity but never get to church.

S : And how did you make the link between what your father taught you and your spiritual path ?

J : When I was 30, I came accros magical herbal and listed magical properties of herbes. I read Scott Cunningham’s Encyclopedia of magical herbs. And I had a list of other books, on wicca. From there, I did a year as a wiccan neophyt. That was interesting, but I was not kine enough to go further. And in the other 6 years after that, I explored other Witchcraft traditions as I always focused on plants. I looked at a podcast about herbal magic in the druid tradition. I had to listen to that and got really interested in OBOD (Order of the bardsn ovates and druids) and druidry. I looked on the website, and the way they spoke about land, stones, herbal, ancestors, well that was very familiar to me, as I have european Ancestors, from UK and scandinavia.

S : So you decided to go further…

J : I had 8 years of bardic studies, that was an incredible journey. I did the OBOD courses, and had several tutors Then I went to school and studied herbal medecine, and astroherbology, also the tarot of Marseille That was enlighting and very rich !

S : How do you qualify yourself today ?

J : Druidry defines it better than anything else. I’m workig my way through ovate grades, learning druid mysteries of herbes, ancestors, secret sites. I try to stick to some personnal interests and make sabbats really work for thyself.

S : How do you do that ?

J : Sabbats here are different from Europe. When it’s summer solstice, it’s a time of light. We celebrate christmas. It’s a time for festing, loved ones, bushfires, violence and death. Also a time of being thankful, to release unwanted things, to honor shining lights. In the northern hemisphere, it’s more lightful, it’s the return of light after months of darkness. Here, in my country, I decided that the summer solstice starts a new year for me. Even though traditionnally, lot of pagans and witches use Samhain to start the new year, I don’t think it fits in my own spiritual time. So I make it in summer solstice. It’s my time, not traditional.

S : So it’s like Samhain for you ?

J : Yes ! It is ! That makes more sense to me.

S : When you celebrate the new year in summer solstice, do you have people telling you that it’s not right ?

J : People did questionned it sometimes, but sabbats are really loved, and people don’t want to rock the boat. Finding meaning for myself in the sabbat is important. I don’t need to celebrate for celebrating, I need to find a meaning.

S : And what do you usually celebrate in Samhain ?

J : It’s a time for celebrating ancestors. We throw big family fests, and set a place on the table for them(Ancestors), save food, wine, we set an altar and light a candle. And we tell stories about the ancestors. It’s a time of remembrance mainly.

S : You celebrate winter solstice in june… What do you do then ?

J : We make gifts to one another. Presents are handmade and children are more excited than christmas period.

S : Did you raise your children in the pagan ways ?

J : Well, I took them to some public rituals and every year I ask them to participate to some celebrations (summer solstice, etc) but I let them free to explore religions. My oldest one is a pagan and the other 2 are not pagans, but happy to participate.

S : Do you run a druid community ?

J : I’m mainely a solo practionner

S : Do you include aborigen practices ?

J : I’m connected to the spirit of Australia and the land itself, but not to the aboriginal practices.

S : Would you like to add something else ?

J : Work with plants is very important to me. I find that the deeper I work with druidry, the deeper and meaningful the work is. Mysteries reveals themself.

S : How far do you go ?

J : Every way you can (cooking, gardening, medecine, magic, incens)

S : Some chamans say that they use the spirit of the plant to developp their qualities and powers. Do you think you can do that ?

J : Hopefully I can come here one day. It takes 40 years to become a master as an Ovate. It’s how long it takes to really know everything I have to know.

S : Thank you Janine for your time.

J : Thank you !

Wonderful pagan spirit, that allows us to adapt the spirituality to our own sensibility, experience of life and evolution. Even in the bush, through my Australian friend’s testimony, I could hear the voices of the ancients, wispering « we are here, still guiding, everywhere, no matter time and space », same voices I hear everytime I go deep in the forest, when I’m afraid I could lose my way… But where I always find a way to myself.

Personnal website : https://janinecobb.wordpress.com/

Propos recueillis par : Solrika

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