Pandora : Lorsque la première femme est une arme

Pandora : Lorsque la première femme est une arme

Pandora, les ultimes maux de Prométhée

Pour comprendre d’où vient Pandora, et avant de véritablement parler d’elle, il est nécessaire de faire une piqûre de rappel sur les événements qui ont provoqué sa création. Et ça, ça passe par un rapide examen du mythe de Prométhée.

Je vais énoncer les choses très brièvement car le sujet de cet article reste Pandora, et non Prométhée. J’écrirais peut-être un article sur ce dernier à l’avenir, mais il est présent ici tout simplement car… Sans Prométhée, pas de Pandora, et encore moins de « boîte de Pandore ».

Pour aller très, très vite, Prométhée était un titan de la mythologie grecque, c’est-à-dire la branche de divinités précédent les olympiens. Et justement, il se trouve que le fait d’arme de Prométhée est d’avoir volé à ces mêmes olympiens le feu sacré de la connaissance pour en faire don aux hommes.

À partir de là, Zeus, furieux, captura Prométhée et l’enchaîna au mont Caucase, suspendu dans le vide, condamné à se faire dévorer le foie toute la journée par un aigle, foie qui repoussait pendant la nuit, et rebelote le lendemain… Pour l’éternité en principe.

Le truc c’est que le père Zeus, il avait la rancune sacrément tenace, parce qu’apparemment le châtiment de Prométhée, une torture abominable pour l’éternité, ne suffisait pas. Non, il fallait aussi, pour que la vengeance soit complète, s’en prendre aux hommes qui avaient reçu le cadeau du titan.

C’est bien là que l’on va pouvoir commencer à parler de Pandora, car elle est, dès le départ, créée pour être l’instrument de cette vengeance aussi impitoyable que totale.

Pandora : la première des femmes conçue comme une arme

Zeus avait donc un plan assez clair : donner la vie à une créature de telle manière qu’elle afflige durablement les hommes qui avaient reçu le feu sacré de Prométhée. Et comment on s’y prend pour faire ça ? On invente la femme… Je sais, dit comme ça c’est affreux, mais au moins c’est dit une bonne fois pour toute, et on voit d’emblée que, pour ceux qui en douteraient encore, le christianisme n’a décidément rien inventé !

À quelques détails près cependant, car si l’on pourrait faire un parallèle idéologique, Pandora n’a finalement pas grand chose à voir avec Ève. De leur conception jusqu’à leur développement, elles sont très différentes.

La conception de Pandora donc, parlons-en un petit peu, car ça mérite qu’on s’y attarde.

Comme on l’a vu, Zeus avait pris sur lui l’initiative de châtier les hommes. Son plan consistait à leur envoyer une créature qui les sanctionnent durablement, mais il ne pouvait pas le faire seul. Il avait besoin des attributs d’autres olympiens, les autres parents de Pandora : Héphaïstos, Aphrodite, Apollon, Athéna, Hermès et Héra… Rien que ça !

Ainsi, tout le gratin de l’Olympe se retrouve réuni pour mettre chacun un ingrédient dans l’outil de vengeance de Zeus à l’encontre de Prométhée, et des hommes.

Car force est de constater que l’ingéniosité de Zeus ne se révèle pas uniquement dans ses adultères, mais également dans la colère. Ainsi, pour donner vie à sa toute nouvelle créature, il commença par la faire façonner à base d’eau et d’argile par Héphaïstos, puis demanda à Athéna de lui insuffler la vie. Et c’est ensuite que les réjouissances commencent : Aphrodite lui donna la beauté, Apollon l’art de la musique, Hermès ajouta le mensonge, la persuasion mais aussi la curiosité, et enfin Héra lui fit cadeau de la jalousie.

Voilà, Pandora, le marteau créé pour semer le chaos chez les hommes, était née.

On voit ici parfaitement les multiples différences entre une Ève et une Pandora : Ève est faible, influençable, Pandora est puissante et possède de nombreux atouts. Eve est passive, Pandora est active. Eve fut créée pour accompagner l’homme, Pandora pour l’affliger. Pour finir, Eve, comme tant d’autres de ses enfants, semble échapper à son créateur, là où Pandora est l’arme de Zeus.

Pandora : une boîte, une jarre ou une femme ?

Mais, outre les attributs qu’on lui connaît désormais, quelle est donc réellement la nature de cette arme ? Quid de la célèbre « boîte de Pandore » ?

Bon, on va commencer par relever que la plupart des sources relatives aux mythes de Pandore nous viennent d’Hésiode. Et ça pose des problèmes parfois en matière de traduction moderne, sachant que le grec ancien est extrêmement polysémique. Ainsi, on garde aujourd’hui la trace de ce mythe notamment en évoquant une « boîte de Pandore ». Dans les textes, il apparaît plus vraisemblable qu’il s’agissait d’une jarre, mais on ne va pas discuter ici de l’essence exacte de cet artefact, l’essentiel est que Pandora possédait sur elle un contenant scellé, et que si on l’ouvrait, ce contenant déversait parmi les hommes les maux qui y étaient enfermés.

Pour répondre à la question donc, qu’il s’agisse d’une boîte ou finalement d’une jarre, ça n’est pas très important. L’essentiel est ce qu’elle contenait mais surtout comment l’ouvrir, donc comment l’activer.

En fait, c’est Pandora qui la gardait, donc Pandora qui devait l’ouvrir elle-même, et là vous me direz : mais pourquoi est-ce qu’elle ferait une chose pareille ? Voilà alors poindre l’ultime ruse de Zeus.

En effet, le paternel avait bien pris soin de dire à Pandora de ne jamais l’ouvrir et… Il n’a pas dit ça pour rien, il le lui a indiqué a priori pour qu’elle fasse exactement tout l’inverse. Car souvenez-vous, parmi les ingrédients qui composent la nature de Pandora au moment de sa création il y a… La curiosité.

Eh oui, encore quelque chose qui a été repris par la Bible il semblerait, sauf qu’encore une fois ici, non seulement Pandora n’échappe pas à son créateur, mais elle en est l’instrument minuté. Zeus a voulu qu’elle ait cette boîte, et bien plus, il a tout mis en œuvre lors de sa création pour qu’elle l’ouvre une fois parmi les hommes.

Quels-sont les véritables maux de Pandora ?

Pour terminer cet article, il est donc temps, après avoir vu le contenant et le détonateur, de s’intéresser au contenu de la boîte de Pandore, et à la liste des maux qu’elle contenait.

Cette liste est assez intéressante, puisqu’elle n’est composée que de choses que nous connaissons tous, mais qui apparemment n’affectaient pas les hommes à l’époque : On y retrouve principalement l’idée de labeur dans le travail (encore un truc biblique) mais également la tristesse, la souffrance, la maladie, la vieillesse et… L’espoir.

Pour ce dernier, tout n’est pas très clair puisqu’il est dit que Pandora a eu le temps de refermer la boîte avant qu’il n’en sorte, et pourtant nous l’avons bien reçu. De plus, pourquoi donner l’espoir aux hommes au milieu de tous ces maux faits pour les châtier ? Il y a peut-être une réponse à entrevoir en guise de conclusion.

Ainsi, on pourrait dire que la colère de Zeus encore une fois, ressemble assez à ses pulsions adultérines : c’est soudain, il déploie beaucoup de génie et d’énergie pour y parvenir, mais ça ne dure pas.

Il semblerait que ce soit un peu la même chose qui régissent les mythes de Prométhée et de Pandora.

Déjà pour rappel, Prométhée n’est pas resté éternellement sur le mont Caucase, Zeus et lui se sont réconciliés et tout va pour le mieux depuis un moment.

Pandora elle, en plus de tout ce qu’on a vu, avait été donnée en épouse à Épiméthée, le frère de Prométhée. Une vengeance de plus a priori mais était-elle vraiment durable ?

Certes nous sommes toujours affligés par les maux de la boîte de Pandore, mais l’homme, à travers Épiméthée, y a aussi gagné en connaissant la femme, et d’une manière un peu plus « classe » que si elle était sortie de sa côte. D’autant que le dernier des cadeaux de celle qui comme son nom l’indique « a reçu tous les dons des dieux », est finalement l’Espoir, et personnellement je ne trouve rien de plus beau, et j’ai le sentiment qu’il n’y a rien a regretter, de cette rencontre avec Pandora.

Auteur : Shaël Eveningstar

2 pensées sur “Pandora : Lorsque la première femme est une arme

  • janvier 10, 2024 à 11:14
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    Plutôt incroyable cette Pandora, elle rappelle que finalement dans l’obscurité, il y aura toujours la lanterne de l’ermite, ou simplement l’espoir d’apprendre avec curiosité . Merci pour cet article, si rare en ces temps.

    Répondre
    • janvier 10, 2024 à 12:08
      Permalink

      Merci à vous pour ce joli commentaire !

      Répondre

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