Spiritualités et territoires V – Le souffle chaman sibérien à Paris

Entre ombre et lumière, l’esprit passe comme un souffle. Le passage qui conduit au travers des mondes se montre à celui ou celle qui pose le premier pas dans le vide. Dans Paris, la ville aux mille facettes, il y en a une qui échappe aux lois de l’attraction. Suivez-moi dans l’antre d’Athawulf.

Solrika : Athawulf, nous sommes en quelque sorte « collègues » sur ce blog. Mais peux-tu te présenter, car nous ne nous connaissons pas.

Athawulf : J’ai 33 ans, et j’ai bien 5 ans de bonnes pratiques dans les voies ésotériques. En fait, j’ai, entre autres, travaillé sur les énergies subtiles de la pratique italienne de Zamperini. Il a inventé un appareil pour recharger les énergies. C’est un scientifique à la base.

S : Et tu te considères païen depuis quand ?

A : J’ai toujours été en réflexion en matière de voies spirituelles. J’ai eu une éducation catholique au sein d’une famille très pratiquante. Mais je me suis toujours posé des questions. Je n’ai jamais pris les choses pour argent comptant. Je suis donc allé voir « ailleurs », je me suis intéressé aux mythologies, aux anciennes civilisations. Et avec le temps, le monothéisme ne me paraissait plus comme le seul culte valable. Je me considère donc comme païen assumé depuis 10 ans.

S : Alors, comment tu es entré dans le paganisme ?

A : J’ai d’abord fait quelques recherches sur internet, quand j’étais dans le Sud de la France, il y une dizaine d’années. J’ai eu l’occasion de rencontrer des groupes et de ritualiser avec eux. C’était très convivial, mais je n’y trouvais pas mon compte, ça ne me paraissait pas trop spirituel. A mon sens, ils ne savaient pas faire descendre les dieux dans les rituels.

S : Qu’est-ce que tu entends par « faire descendre les dieux dans les rituels » ?

A : Je parle de ce que j’ai pu connaître et expérimenter avec des études sorcières et en me servant des runes. On invoque l’esprit de la divinité et on sent sa présence, au travers des pratiques énergétiques que j’ai cité plus haut. Je suis certainement plus sensible et je ressens les choses de façon plus subtile que quelqu’un d’autre.

S : Très bien, donc, à ce jour, tu en es où ?

A : Il y a 3 ans de cela, j’ai découvert les pratiques chamaniques sibériennes (j’ai vécu 1 an et demi en Sibérie). Au début, ça ne m’intéressait pas vraiment. Mais, petit à petit, des signes se sont présentés à moi et j’ai repris contact avec la chamane sibérienne pour en savoir plus. J’ai découvert à cette occasion, une tradition complète et active. J’ai découvert qu’on pouvait s’aider, aider son prochain, réparer son karma et beaucoup d’autres choses encore, comme le culte des ancêtres et des esprits, qu’on pratique au travers d’une transe chamanique. Par contre, il faut savoir qu’une bonne formation, prend une dizaine d’années au moins. Et il faut être vigilent sur la pratique de la transe, qui est difficilement maîtrisable et par là même, peut être dangereuse. Il faut maîtriser correctement l’appel des animaux de pouvoirs et savoir se déplacer dans les mondes. Si on se trompe, ça peut être fatal.

S : Peux-tu parler de ces mondes que tu cites ?

A : Il faut apprendre à connaître et maîtriser les 3 mondes. Le monde du bas, est celui des énergies telluriques et des archétypes. Le monde intermédiaire, est notre monde actuel, matérialisé. Et enfin, le monde ouranien, est celui des dieux, du karma, des ancêtres et de l’élévation spirituelle.

S : Je fais exprès de te poser cette question, en te demandant, si ta démarche peut être assimilée à de l’appropriation culturelle ?

A : Je te répondrais à la fois oui et non. Je te propose de te référer à l’article que j’ai écrit le 2 novembre 2020 et qui s’intitule « Qu’est-ce que le chamanisme ? Qu’est-ce qu’un chaman ? » publié sur Prométhée. Clairement, le chamanisme est asiatique/sibérien/amérindien (les amérindiens du continent américain sont les descendants des sibériens qui ont traversé le détroit de Béring lors d’une époque glacière). Dans mon cas, je pense quand même pouvoir me défendre grâce à mes origines sud-américaines. Dans tous les cas, pour moi, lorsqu’on adopte une culture, dans le respect de celle-ci, alors ce n’est pas gênant qu’on ne soit pas directement issu.e de cette culture. Ma crainte, quand même, réside dans le fait que la diffusion du chamanisme en Europe, puisse l’éloigner de son essence et le modifier.
Il y a une vision un peu romantique ou idéalisée du chamanisme chez les peuples européens. Alors que le chamanisme a quelque chose de dur, il est tout le temps présent. Par exemple, pour ma part, lorsque je mets une tenue chamanique, ce sont les esprits qui m’indiquent quoi porter. Je ne suis pas sûr que beaucoup de personnes aient conscience de ça. Il y a un phénomène de déformation de la pratique dans les pays européens. Et en cela, on peut dire qu’on est dans l’appropriation culturelle.

S : Mais ne serait-ce pas plutôt l’évolution normale d’une pratique ? Lorsqu’elle est adoptée, elle est forcément transformée.

A : Oui, certes, mais à condition de tirer tout ça vers le haut. En Europe, je trouve qu’au contraire, on tire les choses vers le bas. Les praticiens chamaniques européens ne me semblent pas formés de la bonne façon pour, par exemple pratiquer des désenvoûtements. Mais, si des personnes vont se former en Mongolie, et qu’ils bénéficient d’une initiation que je qualifierais de correcte, et que, par la suite, ils ou elles rajoutent quelque chose de positif, alors, ça devient de l’évolution, et ça enrichit le chamanisme. Moi, je regarde la réalité des choses, à savoir, adopter une tradition, la vivre un bon moment et enfin apporter quelques ajouts si c’est estimé nécessaire. Et, je constate, au contraire, que certaines personnes découvrent à peine les pratiques chamaniques et veulent tout de suite y apporter des changements. Lorsqu’on pratique la transe chamanique, on a une impression de puissance. Et lorsqu’on plonge dans le monde du bas, on y trouve beaucoup de beauté aussi. Mais il ne faut pas oublier le monde intermédiaire, qui est aussi le nôtre, et dans lequel il faut aussi vivre et exister.

S : Quand on se perd dans la transe chamanique, ne risque-t-on pas le désancrage ?

A : Oui tout à fait, la transe ouvre les chakras du haut (3ème oeil et couronne). Si, on ne fait pas des exercices pour se réancrer (Qi Qong par exemple), et si on ne se purifie pas, on peut vite être déconnecté. C’est vraiment à manier avec prudence, j’insiste là-dessus.

S : Faire preuve de discipline et de persévérance en somme…

A : Et je rajouterai, faire preuve d’humilité. Quand les esprits veulent nous amener dans une direction, il vaut mieux se laisser porter et écouter son intuition. Globalement, il faut s’écouter. Ça fait sauter pas mal de blocages, et après, tout vient… Les solutions, les idées, tout suit !

S : Merci pour ton temps !

A : Merci à toi.

Attendez, j’attrape la corde qui me relie au monde intermédiaire pour revenir dans le présent et dans mon corps et dans ma tête… S’exercer avec des techniques de ré-ancrage, respirer, toucher la terre, même manger quelque chose pour se ré-habiter… Jusqu’au prochain voyage.

ANNEXE CONCERNANT L’EPISODE 2 DE CETTE SERIE :

Réponse à Aom Loelm sois-disant Chaman et membre du peuple arc en ciel ( rire gras )

1 Aom Loelm : Je suis Aom Loelm, fou pour les aveugles, magnétiseur pour certains, druide pour ma famille celte, chamane ancestrale pour celles et ceux dont le cœur bat au rythme de la vie

– Au vu des origines de Monsieur il ne peut être  » chaman ancestrale  » car le chamanisme correspond à une air géographique bien définis celle des peuples Asiatiques de la Steppe ( Mongol , Siberien , turc et enfin les sud-americains ) .

Aom Loelm : J’ai toujours été chamane .

– Cela est strictement impossible également . On ne né pas chaman , on le devient et souvent l’épreuve initiatique est tellement dure que les jeunes siberiens qui reçoivent l’appel préfèrent se suicider que de la vivre . Le chamanisme véritable est une contrainte , un sacerdoce imposé par les esprits . Les rares lignées chamaniques ne se passent pas de Père en fils mais de Grand-mère à petits – enfants .

2 Aom Loelm : , j’ai été 21 ans dans une amnésie post-traumatique. Ça a commencé à mes 14 ans. Je suis parti de moi-même pour faire cette quête, pas pour trouver des guides ou des maîtres. Il y a tout de même 2 livres qui ont été un pivot pour moi, c’est « l’herbe du diable et la petite fumée « de Carlos Castaneda et les écrits de Lobsang Rampa.

J’ai, pendant cette période, beaucoup pratiqué la méditation, pris les champignons, tous les 5 ans

– Le chamanisme s’apprend justement avec un  » Maître  » sinon cela est strictement impossible de survivre à cet enseignement . Il est tout à fait hors de propos de prétendre que l’on apprend le chamanisme dans les livres et en prenant des champignons . L’initiation chamanique passe par une transe qui peut s’avérer catastrophique pour le néophyte si celui-ci n’est pas correctement guidé par un chaman expérimenté .

3 C’est quoi être chamane pour toi ?

AL : Être chamane, c’est être rattaché à toutes les spiritualités. Je suis issu d’une éducation catholique classique, mais ça ne me convient pas. À ce jour, je me sens à la fois animiste, bouddhiste, hindouiste, monothéiste et scientifique

– Un chamane ne peut être rattaché à toutes les spiritualités puisqu’il est lui même une voie spirituel qui englobe tout les aspects de la vie . Le chaman est la fois prêtre , médecin , thérapeute et sorcier . De plus le chamanisme possède sa propre cosmogonie qui est en opposition avec les religions monothéistes . Il existe cependant une sorte de chamanisme jaune qui est un mélange de chamanisme et de tradition bouddhiste .

4 Tu pousses la pratique jusque dans ton alimentation ?

AL : Tu comprends l’idée ? Je suis Gardien de la vie, donc ma nourriture ne doit pas amener à tuer le vivant. Et puis, je suis aussi devenu végétarien. Mais un végétarien particulier qui refuse de manger tout ce qui peut tuer le vivant. Ainsi, je vais manger les fruits, les feuilles des plantes, mais pas les racines car ça élimine la plante, l’individu. Donc, les pommes de terre, mes carottes ou les navets, ben je ne mange plus.

– Soyons clair là dessus . Allez prétendre à des chamans de Siberie qu’il faut se nourrir qu’exclusivement de feuilles et de fruits , ils vont vous rires au nez . Le chamanisme est la Tradition la plus archaïque au monde , elle était utilisée du temps des chasseurs cueilleurs afin d’invoquer les Esprits pour avoir un GIBIER riche et abondant afin de nourrir toute la tribu . Donc chamanisme et veganisme sont en total opposition . Le chamanisme repose sur le culte des totems celui de l’animal à qui l’on a pris la vie , de l’ennemi que l’on a vaincu au combat . En aucun cas il s’agit d’une tradition new age rose bonbon reposant sur l’amour de son prochain ou je ne sais quoi . Le chamanisme permet à la fois un ancrage dans la Réalité aussi dure et cruelle soit elle qu’un lien avec le divin , il est un chemin long , difficile et rugueux .

Aom Loelm : J’ai toujours eu un côté féminin bien plus développé que le côté masculin, que je trouve trop violent, et je me sens très proche des femmes de ce fait

– Dans le chamanisme on a des rituels qui permettent de ré-équilibré les énergies féminines et masculines chez les hommes et les femmes . Nous considérons qu’il faut dans chaque être humains ces deux énergies . A 70 pour cent de l’ énergie du genre de naissance et 30 pour cent de l’autre . Dans le chamanisme on va immédiatement ré-équilibrer une personne dans le cas de Aom Loelm .

Propos recueillis par : Solrika (pour l’interview) et Shaël Eveningstar (pour l’annexe)

Illustrations : Athawulf

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