Le retour à l’essence primordiale : la voie rouge des Lakota

Entendez-vous, enfants du ciel et de la terre, le chant des oiseaux au premier matin du printemps ? Connaissez-vous le langage des serpents qui rampent entre les rochers ? Savez-vous où vont les volutes de fumée lorsque du tipi elles s’élèvent et tournoient au gré du vent ? Asseyez-vous près de moi, asseyez-vous et fermez les yeux. Tout ce que vous avez besoin de voir se trouve en vous. Vous allez juste m’entendre vous guider sur les chemins de votre vérité intérieure. Alors avancez avec moi, le chemin est long… Ainsi parlait le vieux sage de la tribu. Et ainsi les générations défilaient se transmettant de grands-parents à enfants, les secrets de la vie et de la mort, de ce qui nourrit et de ce qui détruit. Mais surtout, le respect de la Terre, des animaux et des éléments.

Les rites des peuples proches de la nature, tels que les Lakota ou même certains peuples d’Europe du Nord (je pense à la Sibérie) les aident à reprendre contact avec l’essence de la spiritualité : honorer, la terre, les éléments et les esprits. La Terre, Mère, le retour au ventre fécond qui abrite, nourrit et donne naissance.

Pour donner une idée globale de la spiritualité Lakota, on peut dire qu’elle est basée sur une cosmogonie « naturelle ». Il y a Wakan Tanka, le Grand Esprit, la source et le réceptacle de tout. Et de lui, découlent les autres esprits divins et associés, comme Pte San Win, la Femme Bison Blanc qui est venue apporter la connaissance au humains.

Si des fêtes sont programmées dans l’année, pour la rythmer, comme chez quasiment tous les peuples, il existe des voies plus spécifiques, permettant d’accéder à d’autres niveaux. Chez le peuple Lakota, on parle de la Voie Rouge. Bien que l’histoire dramatique des peuples indigènes d’Amérique du Nord a failli faire disparaître rituels et pratiques ancestraux, la tradition s’est tout de même perpétuée et d’autres peuples, notamment européens se sont intéressés à ces pratiques jusqu’à les embrasser et les suivre.

Je vais faire une parenthèse en coupant court au débat sur l’appropriation culturelle : de tous les temps, les humains ont appris les uns des autres et se sont transmis et échangés les cultes et cultures. Si de nos jours, des rites ancestraux de ce type peuvent vivre et croitre grâce à des gens qui n’ont pas « le bon adn », eh bien soit ! L’essentiel, à mon sens, est de refaire vivre et maintenir le feu de la spiritualité primordiale. Car il est bien évident, que cantonner les pratiques spirituelles aux « ayant droit », car descendants des peuples concernés, risque de faire disparaitre les traditions. Nous en avons des preuves plein les armoires de l’Histoire de l’Humanité. Tant que la démarche est sincère et respectueuse, et que les esprits sont honorés. Parenthèse fermée…

Donc, pour en revenir à la Voie Rouge des Lakota d’Amérique du Nord, globalement, c’est une pratique qui permet de retrouver une spiritualité simple, dans le sens de « authentique », déconnectée de dogmes lourds et qui présente également un intérêt pour se connecter à soi-même, à ce qui nous entoure, aux personnes, animaux, plantes, pierres, etc. C’est également l’expérience de l’instant présent , de la conscience de ce que l’on fait durant cet instant, du pourquoi on le fait. Tout doit avoir un sens. Tout fini dans un cercle, autour d’un feu généralement, que ce soit à l’intérieur du tipi ou à l’extérieur au milieu du campement.

Je vais juste décrire sommairement 3 pratiques de la Voie Rouge, qu’un ami, Wichapi Topa m’a relaté :

I – La Sweat Lodge

Tout d’abord, la plus connue, est celle de la Hutte de sudation, également appelée « Sweat Lodge ». Le rite se pratique à l’intérieur du tipi, et pour y entrer, il faut se baisser, comme si on rentrait à nouveau dans le ventre de la Terre-mère. Dans ce tipi, les participants partent pour un « voyage », ils se retrouvent, se connectent à eux-mêmes, apprennent à se détacher… Ils sont dans le noir, il y fait chaud et les pierres brûlantes sont amenées au fur et à mesure que le « voyage » se poursuit. Bien sûr, par sécurité, il y a un meneur, gardien de la hutte et il y a également des « portes », des ouvertures par lesquelles, il est possible de sortir si la chaleur devient insupportable et que le « voyage » ne peut plus se faire dans de bonnes conditions. La préparation du « voyage » peut également nécessiter jeûne et prières avant la cérémonie.

II – La quête de vision

C’est un rite qui va plutôt concerner une population jeune, puisqu’il s’agit du passage vers la voie adulte. Le jeune homme part un matin suivre une quête. Il ne sait pas vraiment où il va ni ce qu’il doit chercher. En revanche, il sait qu’il doit y passer 3 à 4 jours, complètement livré à lui-même, et à se débrouiller pour trouver nourriture et eau par ses propres moyens.
Et dans ce contexte, vient ce qui vient… Rêves, événements, « rencontres »… Au retour de cette quête, le jeune homme va s’entretenir avec les chamans. Mais il peut également ne rien se passer… Et une nouvelle quête se fera au moment opportun.

III – La Sun dance

Le calendrier Lakota est calqué sur les rythmes lunaires et solaires, sur les équinoxes et les solstices. La Sun dance se pratique donc au moment du solstice d’été. Puisque Sun dance signifie littéralement « danse du soleil » et que le jour où ce bel astre se fait le plus présent est au moment du solstice d’été.
Le campement se monte autour d’un arbre et durant 4 jours, les hommes dansent autour de l’arbre, en plein soleil. Des herbes rituelles sont utilisées pour préparer les cérémonies de chants et de danse tout au long de ces jours de célébration. Des huttes de sudation également sont prévues pour permettre aux participants d’y accéder le matin et le soir. Des offrandes sont faites également, notamment du tabac, plante oh combien mythique et qui reste dans notre imaginaire celle du calumet de la paix fumé par les vieux chamanes indiens assis autour du feu.

En fait, il y aurait tellement plus à dire sur cette Voie Rouge des Lakota, mais permettre de se faire une petite idée de ce qu’elle peut être, est déjà une bonne base pour aller chercher plus loin.

Alors, nous allons revenir dans notre monde actuel et reprendre nos activités quotidiennes, contraignantes ou non… Ainsi va également la vie. Et lorsque la nuit tombe et que dans le fond de nos lits nous nous abandonnons au sommeil, un vieil indien avec des plumes d’aigle sur la tête, un calumet entre les mains viendra murmurer au dessus de nos têtes endormies « Mitakuyé Oyasin », nous sommes tous reliés…

Auteur : Solrika

Illustrations : Solrika

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