Le cheminement spirituel : choisir sa voie

Le cheminement spirituel

Choisir sa voie

par Solrika

Se reconnecter à ses racines. Qu’elles soient d’origine ou d’adoption. Replonger dans le passé pour en tirer le substrat sur lequel poussent les spiritualités en lien avec le « retour à la nature ». Elles sont appelées néo-paganismes, des pratiques issues des croyances anciennes, polythéistes, avec un vent de modernité qui souffle pour permettre l’adaptation de ces cultes à nos époques.

Dans le monde de ces spiritualités, la recherche première semble moins être un besoin de croire qu’une envie de croire. Envie de célébrer, seul-e ou en groupe, envie de connexion, envie de cohérence.

Des personnes ont accepté de répondre pour expliquer leur démarche, les événements qui les ont amenés sur ces chemins de traverse, des personnes aux profils divers et variés, et qui se retrouvent régulièrement autour d’un autel, d’un bon repas, entourés de chaleur humaine et de présences spirituelles…

À la question « pourquoi croire ? », il est difficile de répondre simplement. Chaque démarche est unique. Chaque conception est propre à une croyance individuelle et à ce qui lui est associé. Mais ce qui revient régulièrement, c’est une sorte d’appel qui a été entendu.

Al Lannig et Belatimara, deux femmes engagées sur le sentier druidique, ont eu la gentillesse d’accepter de faire part de leurs expériences.

« En fait, depuis toute petite, je suis très sensible. J’avais beaucoup de perceptions de sons, d’images que j’étais seule à percevoir (…) Je n’ai jamais eu l’impression d’inventer une croyance, de créer une croyance de toutes pièces, mais mes croyances d’aujourd’hui, sont seulement la suite logique de mon parcours, de ma sensibilité » nous dit Al Lannig.

Pour Belatimara, c’est plus une question d’équilibre entre chaque facette du « soi » (physique, intellectuel et spirituel) « si on veut en parler concrètement, en termes de besoins, la spiritualité répond au besoin d’avoir des réponses à des questions existentielles auxquelles les sciences matérialistes peinent à répondre : qu’y a-t-il avant et après la vie ? Pourquoi sommes-nous en vie ? Qui a crée le monde qui nous entoure ? »

Les sciences matérialistes comme elle le dit peinent à répondre, mais les religions dites officielles, elles, prétendent répondre aux questions que pose Belatimara et tant d’autres personnes. Elles semblent malgré tout échouer à rassembler au-delà du caractère obligatoire qu’elles représentent et de la transmission faite au sein des communautés. Le côté punitif rajoute dans la contrainte et dans le sentiment de peur de « fâcher la divinité ».

Mais alors, comment peut-on prétendre être libre quand on suit des règles édictées ? Là encore, les spiritualités païennes laissent une large place au choix personnel. « Fais ce que tu veux, tant que tu ne nuis à personne », est le credo traditionnellement wiccan, il fait partie des règles du « Rede ». Mais ce cadrage permet plus de se référer à une base de valeurs qu’à appliquer à la lettre une liste de « to do ». La liberté dans le cheminement spirituel et dans la pratique des cultes garantit l’intégrité de la personne. Personne ne peut penser à « ma » place.

C’est pourquoi, chaque personne peut avoir sa propre vision de la liberté, qu’elle intègre dans sa pratique. Belatimara nous dit que le druidisme est un choix personnel et qu’il ne peut pas être imposé à un enfant. Elle considère que le discernement est important quand on entame un cheminement. Quant à Al Lannig, la liberté qu’elle expérimente résulte d’un apprentissage, celui du lâcher-prise, de l’expression, de l’autorisation qu’on se donne à être soi-même au milieu d’autres personnes, dans la sécurité et la confiance.

Enfin, il convient de poser un regard sur l’éthique à avoir ou à développer au sein de ces spiritualités. Pourquoi avoir une éthique ? On est tenté de répondre que toute forme de pensée associée à une éthique permet de « se tenir droit », d’avoir des valeurs dites positives, de se respecter et de respecter « les autres ». A titre personnel, j’entends par « les autres », toute forme existante, vivante ou non, matérielle ou non.

Al Lannig semble également aller dans ce sens. Elle a trouvé dans le cheminement choisi un écho à son éthique personnelle, « L’énergie du cercle aide à développer la force de ces choix moraux et à passer à l’action. Peut-être en y mettant un sens sacré. Si je pars du principe que ma parole est sacrée, elle le sera aussi dans mon quotidien aussi bien que dans la clairière. »

Belatimara détaille ces valeurs en parlant de gratuité de l’enseignement spirituel, car « lorsque nous recevons un savoir, ce n’est pas une possession que nous pouvons garder pour nous. » Outre l’enseignement, il y a la tolérance, l’ouverture à l’autre, le dialogue et le respect, qui passe d’abord par le respect de soi-même.

De plus, les spiritualités néo-païennes sont en grande majorité a-dogmes, il n’y a pas de livre lié à une révélation divine qui édicte les faits et gestes des disciples. L’absence de dogme semble offrir un terrain à l’engagement volontaire et à la créativité dans les pratiques. Si les rituels des fêtes de l’année sont assez codés dans le druidisme, ce n’est pas le cas pour d’autres branches, et notamment, pour les païens éclectiques qui, comme les abeilles, butinent dans les différentes traditions pour former une spiritualité propre à chaque pratiquant-e. Il est possible, par exemple d’écrire les prières, de s’adresser à une divinité ou à un élément avec ses propres mots, quelques fois, en y mettant une touche d’humour, et toujours dans le respect de l’entité ou de l’élément invoqué.

Emprunter les voies des anciens, apporter sa propre énergie et transmettre les valeurs, n’est-ce pas l’histoire de toute vie ? De l’éducation de nos parents à celle de nos enfants ?

En tout cas, quel que soit le chemin pris, il est à retenir que celui-ci commence toujours par une recherche de sens, qu’il se fait en compagnie d’autres cheminant-e-s, de près ou de loin, qu’il est parfois tortueux, qu’il change, que certains virages font faire des demi-tours, mais que jamais, on n’en arrive à la fin.

Auteur : Solrika

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