Dr Solrika psychanalyse Allah

Ce matin est un grand jour… Je reçois un dieu que j’avais mis aux oubliettes, et à ma grande surprise, c’est avec moi qu’il prend rendez vous.

Je refais un rapide retour en arrière sur ma jeunesse, la pratique que j’avais de l’islam  et cette assurance naïve qui me faisait penser qu’on nait musulman, on meurt musulman. Or, à 20 ans, j’ai claqué la porte du culte d’Allah et mon cheminement spirituel a débuté.

Je vais être honnête, Allah,  je ne l’aime pas. Son bouquin, ses exigences,  la place réservée à la femme,  tout me pose problème. Alors, qu’est ce qu’il vient faire dans mon cabinet ?

Ah, la porte sonne… j’ouvre… voici Allah en personne… Je m’attendais à ne pas le voir justement, puisque personne n’a le droit de le représenter et ne sais à quoi il ressemble.  Eh bien, moi, je le sais maintenant. Déjà,  c’est bien un homme. Il n’est pas très grand et a un léger embonpoint. Il porte un turban sur sa tête, qui lui tombe sur le milieu du front et il porte les cheveux jusqu’aux épaules. Des cheveux grisonnants, un peu bouclés et une barbe courte bien taillée. Son visage est marqué,  il a des cernes, des rides et souffle souvent. Je l’invite à entrer et à s’asseoir sur le divan en face de mon bureau.

Une fois installé,  il souffle encore et me dit « Tu sais, si c’est toi que je viens voir, c’est justement parce que tu m’as voué un culte de  ton propre gré et que tu as renoncé à m’adorer… normalement,  je devrais te promettre l’enfer, mais, tu as su t’entourer des pouvoirs qui te protègent. »

Je m’asseois sur la chaise à côté du divan et prend mon carnet de notes ainsi que mon stylo. Sans se retourner, Allah me dit « tu n’en auras pas besoin »

La séance débute.

– moi : qu’as-tu à me dire Allah ? A moi, une apostate ?

– Allah : tant de choses… que je t’en veux, que je suis en colère,  que je ne supporte pas qu’on m’abandonne. Tu m’as abandonné,  on est d’accord  ?

– moi : tu penses que je t’ai abandonné,  mais j’ai surtout sauvé ma peau de femme.

– Allah : ah oui, c’est vrai, je n’ai pas épargné les femmes

– moi : justement,  pourquoi ?

– Allah : ben, vous les femmes,  vous êtes indépendantes et intelligentes. Vous créez la vie… Comment je peux imposer mon culte sans vous museler ?

– moi : c’est quand même bizarre de vouloir régner par la force non ?

– Allah : non… justement,  c’est mon fond de commerce. Je valorise les hommes, je leur file 2-3 avantages, ils vous soumettent,  avec ma permission,  je les soumets et me voilà seule et unique référence !!!

– moi : seule et unique référence  ? Qu’est-ce que ça t’apporte  ?

– Allah : ben je me nourris de l’énergie des humains ! J’ai tari toutes les autres sources ! C’est moi le puissant !

– moi : j’ai bien compris que tu ne souffrais pas la concurrence… mais te voilà seul surtout…

– Allah : oui, seul et esseulé même.  Je ne sais plus comment faire pour améliorer les choses. Je me rends bien compte que je me suis trompé. Pourquoi tu crois que je ne me manifeste plus ?

– moi : la fuite comme solution ?

– Allah : mais comment oses-tu me critiquer  ?

– moi : je te rappelle que je suis libre et que tu es venu de toi-même. Si ça ne te convient pas,  tu es aussi libre de t’en aller.

– Allah : non… je veux rester… je suis fatigué.

– moi : mais il me semble que tu as fait une tentative de rattrapage avec le baha’isme.

– Allah : ah oui tiens, j’avais zappé.  Ah ben, ça va peut-être marcher dans quelques siècles. J’aimerai bien.

– moi : donc, la liberté et l’indépendance des femmes,  voire des hommes,  te gênent.

– Allah : oui. Mais je me suis trompé. J’ai voulu réunir les 3 cultes en un et offrir une vie paisible aux humains.  En fait, j’ai précédé la restauration rapide. J’ai fait des cultes clé en main et ça cafouille comme pas possible.

– moi : eh bien, tu gagnerais sûrement à aider les femmes à rétablir leur pouvoir. Tu sais, je croise tous les jours des femmes voilées et ça me peine à chaque fois.

– Allah : ca me peine aussi… surtout qu’Eve a juste voulu protéger Adam…

– moi : tiens, c’est la théorie que je défends.

– Allah : je sais…

– moi : et Satan ? Pourquoi l’avoir puni alors qu’il ne faisait qu’émettre un argument en sa faveur ?

– Allah : je voulais une obéissance totale ! Satan,  il me saoule,  il est intelligent et il me contredis devant tout le monde ! De quoi j’ai l’air ?

– moi : et là  ? De quoi as-tu l’air ?

– Allah : eh !!!

– moi : tu le savais que je n’ai pas ma langue dans ma poche.

– Allah : oui… mais ça fait bizarre quand même… d’ailleurs pourquoi tu m’as laissé ?

– moi : pour vivre ma vie en toute conscience et liberté.

– Allah : mais ça fait souffrir ! Tu suis mon mode d’emploi, tu as une vie sans soucis !

– moi : tu en es sûr ? Parce que l’Histoire te donne tort pour le coup.

– Allah : mais c’est l’interprétation des hommes ! Ils ont tout modifié !

– moi : attends,  ça commence à être confus.  Tu as dis en début d’entretien que tu voulais supprimer le pouvoir des femmes,  être adoré de façon exclusive et offrir aux humains une vie type « long fleuve tranquille »

– Allah : zut hein !

– moi : à un moment donné,  il faut aussi assumer non ? Je vois bien que tu es épuisé,  que le moral est bas et que tu cherches une sortie honorable…

– Allah : je fais comment ?

– moi : ça ne te semble pas évident  ?

– Allah : ouais… lâcher prise ? Il est chiant Bouddha, avec ses méditations,  gna gna gna, renoncez à tout braves gens !!!

– moi : en attendant,  il prône la liberté, la responsabilité et la tolérance et ça marche super bien.

– Allah : je sais !!! Et ça m’énerve !

– moi : donc, pourquoi tu veux être le seul à être adoré ?

– Allah : parce que je veux concentrer les énergies !!! Je n’aime pas la concurrence  !

– moi : il y a un sacré complexe de supériorité  non ?

– Allah : pfff… en plus je m’ennuie… je suis tout seul, les anges m’évitent. De toute façon,  ils ont peur…

– moi : tu as quand même remarqué que malgré tout,  le pouvoir féminin revient doucement et que les anciens dieux, refont surface.  Tu vas pouvoir retrouver ta place dans un Panthéon.

– Allah : j’avoue, c’était bien sympa, il y avait une super ambiance. Et puis, je dois bien le reconnaître,  mes filles, Al-Lat, Al-Manat et Al-Uzza me manquent…

– moi : ouvre ton coeur,  lâche prise. Tu sais que Bouddha a raison…

– Allah  : oui je sais… tu me pardonnes ?

– moi : ce n’est pas mon rôle.  Te pardonnes-tu toi-même  ?

– Allah : il y a encore du boulot… merci de m’avoir reçu.  Je te promets de te préserver de l’enfer ! Tu vois que je suis sympa  !

– moi : Allah… tu fais partie de mon passé. Ton enfer ne concerne que toi. Si tu arrives à en sortir, tu arriveras peut-être à aider les humains à sortir du leur…

– Allah (hoche la tête) : c’est vrai… merci et belle route à  toi !

Il se lève, un grand sourire sur le visage et va vers la porte. Avant de partir, il se retourne et me dit « je suis fier de toi »

Je le remercie et le laisse poursuivre son chemin.

Je me rends compte que je n’ai moi-même plus de colère vis à vis de tout ça. Je me rends compte que les chemins individuels sont longs et souvent flous. Et je me rends surtout compte de la chance que j’ai d’avoir pu renoncer à ce culte et ce que je vivais comme une prison. Amies et amis de ce blog, ne compromettez  pas votre liberté,  écoutez vous,  suivez votre intuition et prenez soin de vous.

 

 

 

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