L’usage du sang dans la sorcellerie contemporaine

Avant toutes choses, en tant que nouvel arrivant dans l’équipe, je tenais à remercier Prométhée et les membres fondateurs pour leur accueil et leur confiance. C’est beaucoup d’honneur…!

Pour ceux ou celles qui ne me connaissent pas, je me présente rapidement. Cela fait environ 20 ans que j’étudie la magie sous différents angles, et environs 10 ans que je me suis spécialisé dans les voies senestres de l’occultisme. Successeur du mage noir Axaphat, et ancien élève de Nahéma-Nephthys, j’ai passé ces dernières années à explorer, étudier, pratiquer différentes branches de ce que l’on nomme plus communément  « arts noirs » .

Satanisme, luciférisme, goétie, sorcellerie des campagnes, nécromancie sont mes principaux intérêts.

Ma première pierre à l’édifice sera de rédiger un article sur le sang, ses propriétés et son usage au sein des pratiques contemporaines.

Au cours de l’histoire de la sorcellerie (et si l’on souhaite aller plus loin, de l’humanité), la présence du sang au sein des rites à vocations magiques aura toujours tenu une grande place tant symbolique, que pratique et sacrée. Du néolithique, avec les peintures à base de sang, de pigments et de moelles osseuses, de l’Egypte ancienne, de l’antiquité à l’époque hellénistique, de la Mésopotamie au contrée nordique, de l’Afrique vaudouisante à la Macumba brésilienne en passant par la sorcellerie des campagnes ou encore par l’ancien et nouveau testament de notre bonne vieille bible… Le sang a toujours tenu un rôle prépondérant.

De nos jours, la culture comme l’éthique contemporaine ont en quelque sorte évolué de concert avec les dictas imposés par le manichéisme moderne ( cfr terme dérivé de son sens premier NDL), des lois en vigueurs mais aussi d’un nouvel ésotérisme au demeurant excessivement commercial. L’usage du sang qui a sont origine puisait son sens profond dans le mysticisme sacré est devenu, malgré son véritable pouvoir, totalement incongru dans la plupart des pratiques actuelles.  En cela, notre culture occidentale diffère de ce qui se pratique toujours dans d’autres continents, ou le sacrifice animal et l’usage sorcier du sang font partie intégrante des mœurs et coutumes.

Malgré cette diabolisation sociétaire du précieux liquide, dont Bram Stocker disait dans son roman Dracula : « le sang est la vie » ( ceci est également mentionné un peu différemment dans le Lévitique 17:11) , de nombreuses formes de sorcellerie occidentale poursuivent leurs oeuvres en faisant usage du sang. Il y existe en vérité très peu de livres sur le sujet, ou même d’auteurs qui osent s’aventurer sur cette thématique particulière. On pourrait penser que la raison reste la crainte d’éventuelles poursuites légales parfois, mais très certainement parce que c’est beaucoup moins « vendeur » que d’écrire au sujet des gentils anges ou des elfes des bois. Quoi qu’il en soit, de nombreuses sociétés plus ou moins secrètes, et trop souvent déguisées derrière le qualificatif « initiatique » enseignent toujours à leur adeptes l’usage que l’on peut retirer du liquide vital.

Voyons un peu ceci en profondeur….

D’un point de vue scientifique, le sang est composé de cellules à 45% ( thrombocytes, érythrocytes et de leucocytes) et de plasma à 55% ( eau, sel minéraux, protéines et substances organiques ainsi que de l’oxygène et du gaz carbonique). Sur un plan purement chimique, le sang est donc une source de vie complète et complexe; d’un regard ésotérique, on peut tout à fait admettre sans trop de difficulté que les quatre éléments naturels y sont présent, le cinquième ( l’esprit/ l’éthérique) l’est également par la rémanence que produisent les différents signaux électriques qui parcourent avec lui notre corps et notre cerveau.

D’un point de vue magique on le considère comme étant un condensateur fluidique.

Par condensateur fluidique, il faut comprendre que le sang répond à une propriété magique d’absorption, de concentration, de réceptacle pouvant canaliser les forces et les énergies que le magiste décidera de lui prêter. Une différence toutefois est à noter entre le sang humain et le sang animal: « l’intelligence », la parole, la réflexion, l’émotion … En d’autres termes tout ce qui concerne l’aspect cognitif polarise le sang humain en le chargeant d’office des informations propres à sa/son propriétaire ( souvenirs) ; tandis que le sang animal semblerai chargé quant à lui d’informations liées aux instincts et aux besoins primaires. ( Cela ne veut pas dire que l’humain est supérieur ou plus intelligent que ses congénères animaux malheureusement, bien loin de là! ).

En magie, il y existe une loi fondamentale qui est celle de la correspondance, ou dite d’analogie, qui décrit que toute parcelle d’un être aussi infime soit-elle est liée physiquement et éthériquement à son original. De ce fait, il est souvent d’usage d’utiliser son propre sang en tant que condensateur, mais aussi en tant que « signature » personnelle. Cela se fait par exemple lors de la conception de certains artefacts comme le bacculi ( la baguette), l’huile sacrale du système magique que le mage utilise ou encore comme liant lors de la fabrication d’encens spécifiques au praticien concerné.

 Lorsque l’on ne souhaite pas s’impliquer personnellement et éthériquement à un acte magique nécessitant du sang, il sera alors d’usage d’employer du sang de nature animale.

Concernant le sang animal, je souhaiterai faire une parenthèse. Nul besoin de nos jours d’égorger une pauvre bête innocente en vue de lui soutirer son hémoglobine! Bien que ce principe soit encore utilisé par certains sorciers « trop » traditionnels, ceci en vue de charger le sang de la souffrance de l’animal ( souvent dans le cadre d’un rite de nuisance ou de malédiction) , tout mage digne de ce nom se refusera à de telles méthodes. L’expérience et les transmissions de savoir magique nous ont suffisamment démontrées que le sang de boucherie ( issu donc d’une pièce de viande) ou encore le sang lyophilisé peuvent tout à fait convenir à tous les types d’opérations magiques nécessitant du sang de nature animale. En effet, loin de ces théories farfelues de « sang mort » ou de « sang vivant » soulevées par certains puristes, il est nécessaire de garder à l’esprit que le sang est condensateur par nature. Aussi, qu’il soit en poudre, baignant dans une barquette de viande préemballée du supermarché du coin ou encore séché depuis plusieurs semaines, cela ne lui ôte pas son propre principe actif de rémanence, ni la loi de l’analogie! Un exemple concret de cette affirmation est la signature d’un adepte sur un document de nature initiatique ( serment, pacte) par lequel l’individu peut être exécré ou exorcisé, même des dizaines d’années plus tard.

Note:Il faut par contre tâcher de le conserver en température négative pour lui éviter de pourrir s’il est contenu en quantité et à l’état liquide, certainement si on ne l’utilise pas de suite. Le sang lyophilisé garde l’avantage de pouvoir être conservé à température ambiante, d’être proportionné selon le besoin, mais aussi de se conserver longtemps.

Dans sa symbolique profonde, le sang est un liquide permettant la vie, au même titre que l’eau. Pour cette raison, le sang a une capacité sans doute moins heureuse: il attire plus que toute autre chose les entités du « bas-astral » et est un  lien permettant l’ouverture entre le plan physique ( le notre) et le plan éthérique dans lequel « existent » toutes les formes d’entités connues: larves, défunts, ombres, démons, génies, incubes/succubes, etc… Le sang exposé à l’air libre permet à ces êtres éthériques de pouvoir interagir librement dans notre propre dimension physique, mais également de se « nourrir » de la substance énergétique contenue dans le liquide vital.  Pas étonnant donc que du sang soit souvent employé pour parfaire différents sorts de nuisance. Le sorcier utilisera alors du sang pour attirer diverses forces négatives vers une cible déterminée ( ou un objet lui étant destiné-NDLR) en se servant des moyens laissés à sa disposition ( témoins corporels, dagyde, photos, fragments d’écriture, objets magnétisés, ou simple condensateur ordinaire si le sort concerne un objet à charger négativement, etc…).

Dans les systèmes de « goéties » modernes ( satanisme, goétie contemporaine, wicca luciférienne par exemple) le sang animal est utilisé  comme condensateur fluidique dans l’objectif de canaliser l’énergie d’un esprit particulier hors du périmètre sacré du mage ( le plus souvent, il s’agit du cercle de protection, qui en réalité est un vortex énergétique) et le diriger dans une zone confinée ou le magiste pourra alors lui adresser la conjuration utile à ses fins. C’est le principe des triangles de manifestation et des cercles de confinements que l’on retrouve dans bon nombre de magies cérémonielles occidentales. Un petit pot de sang sera placé dans l’espace réservé à l’apparition de l’entité ou selon les cas, du sang ( animal) sera versé sur le sceau de l’entité évoquée.

 

En procédant de cette manière, le magiste s’assurera non-seulement de pouvoir canaliser l’énergie de l’entité conjurée, mais aussi se constituera une protection sous forme de dérivation. Attention toutefois à ceux ou celles qui suite à cet article aurait la mauvaise idée de jouer aux apprentis-sorciers, tout les esprits dits « démoniaques » ne nécessitent pas du sang en guise d’offrande/condensation/dérivation, et d’autres en réclament de manière très abondante, aussi de grâce, ne faîtes pas n’importe quoi sous peine d’en payer un lourd tribu.

Concernant les opérations de nécromancie, le sang est le véritable carburant de ces pratiques. Qu’il s’agisse de spiritisme, de nécromancie/nigromancie de cimetière, du psychomanteum, le sang ( animal) sera toujours le moyen le plus intense de parvenir à une communication franche et directe avec les défunts. Le liquide vital les attire comme des mouches autour d’un excrément, ceux-ci cherchant à se repaître de l’essence éthérique contenu dans le sang leur donnant l’impression de vivre à nouveau durant de brefs instants, et donc pouvoir interagir sur le plan physique selon le desiderata du nécromancien.  Dans ce contexte, du sang en grande quantité sera alors projeté sur le support ( tombe, miroir, planche oui-ja, etc…) de manière à l’alimenter et permettre la création d’un « portail » vers la dimension des morts.  Afin de diriger et canaliser  l’esprit des défunts, le nécromancien aura dans certaines pratiques un outil spécifique, la baguette nécromantique, elle-même imbibée de sang.

Le satanisme sorcier tel qu’il est pratiqué dans le nord de la France et en Belgique n’est pas sans reste et emploie également le sang comme intermédiaire entre l’égrégore satanique, et les intervenants des cérémonies votives, (comme la célèbre messe noire , qui conclut tout acte magique). Dans ce contexte, l’officiant(e) applique sur le sexe de tous les participant(e)s le symbole de la main mise à l’aide de sang animal afin que la puissance de l’égrégore de loge puisse toucher chaque individu présent. Il est également courant dans ces cercles d’initiés, que chaque membre verse une goutte de son propre sang dans le calice de vin employé dans le cadre des profanations sataniques.

Dans le milieu de la dévotion à certaines divinités, on retrouve également la notion de sang. Cependant, n’étant pas de nature servile, c’est en quelque sorte un domaine magique que j’ai personnellement très peu approfondi. Cependant, il me parait utile de narrer une anecdote, datant d’une époque ou je tentais de tisser des liens avec la Santa Muerté; j’avais pris pour habitude de laisser plusieurs fois par semaine un peu de nourriture sur l’autel de la Santissima en échange de l’une ou l’autre faveur demandée sous forme de prière. J’ai constaté sur la durée que parmi les différentes offrandes, les petits nounours en gomme semblaient répondre d’avantage que le reste…J’ai vite compris la raison. Ces petits bonbons sont dans leur composition une gélatine constituée de sang de porc, chose que beaucoup de personnes, dont moi à l’époque, ignorent….Ceci expliquait donc cela!

 

En résumé: 

Le sang est un condensateur fluidique.

Le sang est un liant naturel pour certains encens.

Le sang d’une personne permet de la cibler magiquement par la loi de l’analogie.

Le sang attire bon nombre d’êtres éthériques du bas-astral: défunts, larves, démons.

Le sang du praticien lui permet de signer énergétiquement des objets et des artefacts.

Le sang peut emmagasiner les forces que l’on évoque.

Le sang peut servir d’offrande (jamais le sien, sauf dans le cadre d’un pacte ou d’une union de groupe).

Le sang est un puissant dérivateur dans les œuvres au noir.

Le partage de sang permet de s’approprier des informations égrégoriques et éthériques ( loi de sympathie).

 

Pour conclure cet article qui sort un peu de l’ordinaire, j’invite le lecteur à méditer sur le sens ésotérique profond de cette maxime issue du mythe de Tantalos:  » si tu as soif, Tantale, bois du sang! »

Auteur : Sirius Lupus Lux

3 pensées sur “L’usage du sang dans la sorcellerie contemporaine

  • mai 3, 2020 à 10:08
    Permalink

    Bonjour,

    L’article était très intéressant.

    Je suis cependant surprise de ce que vous dites concernant les bonbons : la gélatine n’est-elle pas composée de protéines issues du collagène qui est extrait de la peau et des os d’animaux (bœuf, porc & poisson) ?

    J’ai également une question concernant la fraîcheur du sang : que se passe-t-il si on utilise du sang qui a tourné ? Conserve-t-il toutes ses propriétés, seulement certaines ou les perd-t-il toutes ?

    Je voudrais également connaître votre point de vue sur l’usage de sang issu de menstruations. Peut-il s’utiliser en offrande? Possède-t-il les mêmes propriétés que du sang classique? A-t-il d’autres applications que celles citées plus haut? Est-il impropre à être utilisé?

    Merci par avance,

    Cordialement,

    Cillà

    Répondre
    • mai 3, 2020 à 9:46
      Permalink

      Bonsoir Cillà,

      Si effectivement la gélatine est issue d’un procédé chimique utilisant de la peau et des os, la molécule de sang et de nombreuses traces de celui-ci restent bien présente dans ce qui se présente une sorte de gros bouillon…Sans compter que d’un regard ésotérique, par définition un os de la naissance à la mort baigne dans le sang du corps ce qui lui confère une rémanence permanente, . Certains fabricants, pour des raisons principalement culturelles, ont remplacé le porc par le poisson, ceci pour ne pas heurter certaines communautés qui ne le consomme pas, et permettre ainsi plus de vente.

      Le sang qui est un peu passé, sans avoir été conservé en température négative, surtout en grande quantité ( nous ne parlons pas ici d’une goutte mais d’une mesure de plusieurs centilitres/décilitres au moins) n’est plus utilisable dans un cadre rituel.
      Bien qu’il conserve éthériquement les mêmes propriétés, physiquement par contre le sang entre dans un processus de décomposition et de pourrissement. Il se charge alors de bactéries diverses et sa structure biologique se modifie. Ajoutons à ceci que le sang tourné pue atrocement, ce qui s’avère extrêmement gênant pour la concentration nécessaire à un rituel, car le mental aura tendance à se focaliser sur l’odeur plutôt que sur le travail rituel en lui-même. Sur une dimension propre à la croyance, on évitera de « courroucer » inutilement les entités ou les divinités en leur présentant du sang pourri, un peu par bon sens.

      Le sang de menstrue est absolument à éviter en tout état de cause, même si je peux comprendre son accès facile par la gente féminine.
      Il y a plusieurs raisons à cela : il est intimement lié à sa propriétaire, qui ne souhaite sans doute pas se faire posséder involontairement par le biais d’une intrication, mais aussi parce que physiquement et symboliquement il est le produit de la mort d’un cycle de la personne même… élément que l’on a sans doute pas envie d’inclure de manière consciente ou inconsciente dans un rituel. Pour ces raisons, il n’est jamais déposé ni en offrande ni en tant que dérivation lors d’évocations d’esprit infernaux ou de défunts; faute de quoi l’imprudente qui s’y adonnerai risque d’en subir de lourdes conséquences par la suite.

      Quelques exceptions toutefois:
      -ce sang n’est pas le votre et sera employé comme témoin corporel pour la mise en oeuvre d’un envoûtement de nuisance ou de mort sur la personne à qui il appartient.
      -Ce sang n’est pas le votre, mais est utilisé comme charge permettant de dériver une grande majorité des « retours de bâton » sur la personne à qui il appartient en lieu et place de l’officiant(e); ceci toujours dans le cadre d’un envoûtement de nuisance ou de mort.
      – Ce sang est utilisé dans le cadre d’un envoûtement sexuel sur la personne à qui il appartient.

      Amicalement,

      S.L.L.

      Répondre
  • mars 20, 2021 à 9:58
    Permalink

    Bonjour, j’espère que vous allez bien ainsi que vos proches en cette période.

    L’article est très intéressant mais vraiment succinct :
    – Est-ce que le faux sang peut être utilisé s’il vous plaît ? Est-il aussi efficace que le vrai sang s’il vous plaît ? Personnellement, je l’utilise, et il donne des résultats très concluants mais je n’ai jamais essayé le vrai sang
    – Est-ce que le vrai sang peut se conserver dans un congélateur s’il vous plaît ? Il est évidant qu’il devra être dans de petits ramequins pour une question de facilité d’utilisation.
    – Vous parler dans le cadre de nuisance ou de mort, mais peut-on utiliser le sang pour d’autres demandes s’il vous plaît ? (trouver l’amour, obtenir de l’argent, domaine professionnel, …)
    – Est-ce que le sang permet d’obtenir un résultat optimal et « quasi » irréversible s’il vous plait ?

    Après, il y a énormément d’utilisations qui peut être fait avec le sang, je m’arrête juste aux questions qui me paraissent essentielles

    Amicalement
    Nathaniel SEGUIN

    Répondre

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